Solvej trépignait déjà presque d'impatience alors qu'elle faisait la chasse au résistant dans les rues de New-York : un super-héros résistant à la loi s'était décidé à pointer le bout de son nez pour intervenir dans un braquage. Dépêchée sur place, la demoiselle avait fait le travail aussi vite que possible : elle avait hâte d'atteindre la fin de son service. Malheureusement, le petit groupe formé par le gouvernement ne parvint pas à rattraper le dissident, que Solvej d'ailleurs n'avait même pas identifié. Et elle n'avait pas la tête à ça, de toute façon.
En effet, elle allait revoir Loki après plusieurs mois sans qu'ils ne se soient croisés ; les récents évènements qui s'étaient déroulés en Asgard avaient bouleversé l'ordre des choses. Et la dernière nouvelle qu'elle avait eu du dieu n'avait été qu'un simple message, lui conseillant amicalement de se rendre en Midgard pour y intégrer le gouvernement. Elle savait que Thor avait été proche d'eux, et comprenait le but de sa mission : infiltrer l'État et soutirer des informations. S'ils prenaient part au complot visant à déstabiliser l'Asgardien, elle pouvait (devait) jouer ce double-jeu. Et jusqu'ici elle y parvenait plutôt bien. Loki, la veille au soir, l'avait envoyé grâce à la sorcellerie dans une espèce de rêve, et lui avait demandé de se rendre dans une forêt non loin de New-York le jour suivant. Elle s'était réveillée le lendemain plus motivée que jamais, et avait avalé sa journée de boulot aussi vite que possible.
Le soir, une fois tout ceci bouclé, elle se rendit à l'endroit du rendez-vous. Elle ne connaissait pas le lieu, mais elle savait instinctivement comment s'y rendre : les pouvoirs de Loki étaient vraiment étonnants, à son humble avis. Pour se déplacer, elle avait choisi le vélo : les voitures, motos et les autres véhicules motorisés lui faisaient un peu peur, même si elle comprenait leur utilité ; le vélo était une alternative agréable, d'autant plus qu'avec sa densité musculaire, elle avait une vitesse digne d'un gagnant du Tour de France (et sans dopage, s'il vous plait!). Elle se faisait peu à peu à ce monde étrange, son petit logement possédait même une machine à laver. Mais je m'égare, n'est-ce pas ? (Et en plus, c'était plus facile à garer)
Donc, voilà la demoiselle, arrivant rapidement à destination, désormais à pied. Elle n'avait pu se défaire de ses vêtements asgardiens, et elle ne passait guère inaperçue en ce Midgard adepte de « jeans », « sweat » et autres « baggy ». Habillée actuellement d'une tunique de bure brune et de chausses en tissu léger, elle avait dû se résoudre à laisser son épée chez elle lorsqu'elle n'était pas en mission. Ça la rendait un peu triste, mais elle n'avait pas le choix : et, au pire, la majorité des habitants de ce monde n'étaient pas de taille à l'affronter. Pitoyables créatures. Elle remit en place sa tignasse : les cheveux de Solvej étaient libres, voletant dans la brise ; alors qu'elle marchait, sans nul doute en se dirigeant vers Loki et leur rendez-vous, elle se sentait remplie d'allégresse. Doux sourire aux lèvres, elle s'amusait, en passant sa main contre les branches qui arrivaient à sa portée, à faire pousser des bourgeons, à faire grandir des pousses... Elle se sentait étonnement bien. Elle faisait toutefois bien attention à ne pas être suivie : elle avait entendu assez de choses à propos du gouvernement Stark, et les choses étaient assez tendues en ce moment pour qu'elle puisse douter de ce point. Lèvres pincées, elle était aux aguets, soucieuse de ne pas trahir ni sa couverture, ni celui qu'elle adulait.
Le chemin s'éclaircissait, et Solvej entra dans la clairière -celle qu'elle avait vu la veille dans son rêve!- et put apercevoir Loki. Son sourire s'accentua encore, et elle pressa le pas. Si elle avait eu juste un petit moins de retenue, elle aurait sautillé jusqu'à lui. Mais ce n'était pas très digne... Quand elle arriva devant le dieu du Mensonge, elle se mit à genoux, tête baissée. Elle resta dans cette position quelques secondes, avant de se relever et de sourire largement :



- Je suis heureuse de vous voir en bonne santé.

Banal mais vrai. Loki avait l'air en pleine forme. Mais la demoiselle était heureuse tout simplement de le revoir, aussi, mais c'était un peu direct. Leur relation avait beaucoup évolué depuis leur rencontre, lors de l'enterrement du père de Solvej, mais elle n'osait guère se montrer familière. Quand quelques mots malheureux étaient prononcés, elle avait tendance à rougir comme une pucelle et à baisser les yeux. Même la fierté asgardienne a ses limites.



- Vous vouliez me voir?

Solvej supposait que c'était pour un compte-rendu des actions du gouvernement...

Pareille à une lune sans éclat argent, elle hurlait.

Chaque pion à sa place, il guettait le moindre froissement d'atours venant de son adversaire. La moindre palpitation, le moindre souffle était prit en considération. Face à lui, le jotun se tenait d'une manière bien spécifique, le tout en conservant une grâce à la fois féline et polaire. Accoudé sur l'un des bras du fauteuil tri centenaire, poing contre joue, il tira finalement son autre membre jusqu'à la table de jeu pour y déplacer l'une des pièces.

Le cavalier. Evidemment.

Il vit l'expression de son adversaire se métamorphoser en laissant place à une tornade de sentiments. La surprise céda face à la honte, qui elle-même fut prise d'assaut par la colère. Ikol, se tenant sur l'épaule de son maître, prononça ces paroles sans autre forme de procès.

« Echec et mat. »

Blonsky se leva d'un bond, se retenant de s'égosiller sur le Dieu de la fourberie et du mensonge. Un ricanement s'éleva, celui à qui la victoire avait profité, et qui n'avait pu retenir cet élan de raillerie envers son adversaire. Se laisser emporter par ses émois était une bien triste fin. C'était pourtant là une erreur banale, et tout le monde se laissait prendre au piège. Blonsky laissa échapper un juron et quitta la pièce.

Il put de nouveau avoir le loisir de se replonger dans ses pensées. Et l'objet principal de celles-ci était une femme. Ce qui n'était pas là une de ses habitudes, mais il fallait avouer que Solvej avait su se donner beaucoup plus d'importance que le reste de ses pions. Il contrôlait cette fois un échiquier vivant et à taille « humaine ». L'Enchanteresse avait quant à elle une nouvelle rivale. Une guerrière qui était tombée éperdument amoureuse du Dieu, comme beaucoup d'autres avant elle, malheureusement. Les rangs de Laufeyson étaient étrangement interloqués par l'intégration de cette jeune Asgardienne. Et surtout la patience qu'avait Loki à son égard, qui était quelque peu surnaturelle.

Il l'avait envoyée infiltrer le Gouvernement. Avec son frère Thor, elle représentait les « bonnes âmes » d'Asgard. Sif avait d'ailleurs rejoint son ancien compagnon d'arme afin de traquer les non-recensés. Rien ni personne ne serait en mesure de la débusquer, car l'on veillait sur elle. Solvej était une privilégiée. Elle s'était offerte la protection d'un Dieu...mais pour combien de temps encore ?

C'est pour cette raison qu'un rapport était demandé en ce jour. Il l'invita à le rejoindre par le biais d'illusions et autres tours de magie dont il était devenu le maître. L'heure approchait. Loki se hissa sur ses deux jambes, flatta le bec de l'animal d'un de ses doigts et disparut.

Lorsqu'il réapparut, ce fut à l'endroit même où le rêve de la belle endormie s'était terminé : face à cet arbre, sur lequel il trônait, là haut, sur une de ses plus robustes branches. Cinq minutes plus tard, la présence de la jeune femme se fit sentir. Il sentait déjà le cœur de l'asgardienne au bord des lèvres, prête à céder au moindre de ses caprices.

« Pareillement, chuchota t-il à son intention, le ton gonflé d'ironie. »

Il se téléporta face à elle, la surprenant sans doute par sa proximité. Il se tenait droit, les bras croisés contre son torse. Son air était étrangement grave pour ce qui était sensé être des retrouvailles. La question prononcée, il lui rétorqua sans état d'âme particulier.

« En effet. Ta vie aux bottes de Stark te plaît-elle ? »

Une façon de se vanter, quelque part, d'être mieux garant que cet homme qui se voulait citoyen. Cette question n'était pas là pour détendre l'atmosphère, au contraire, et pourtant ! Il valait mieux se méfier de ce genre d'interrogations venant du Dieu. Bien qu'il sache qu'elle était capable de comprendre le fond de sa pensée, il tint tout de même à répéter la question sous une forme plus traditionnelle.

« Je suppose que tu n'as pas chômé depuis ces derniers mois. Raconte-moi. »

Son expression grave se volatilisa, laissant place à un caractère plus doucereux. Un sourire illumina son visage au teint blafard. Sa main se déposa délicatement sur celle de Solvej, tandis qu'il l'invitait à se redresser.

« Allons, relève-toi. Ne prends plus la peine de t'agenouiller en Midgard, car tu te souillerais inutilement. »

Solvej ne perçut pas l'ironie dans la voix de l'Asgardien, trop occupée à contenir ses propres élans ; à moi que ce ne soit plutôt qu'elle ne veuille pas l'entendre. L'esprit était une chose formidable : il modelait, transformait, chaque perception du corps, aussi précise soit-elle. Et tout cela donnait une demoiselle embrigadée dans des histoires impossibles, et sans doute du mauvais côté de la barrière. Mais elle le voulait bien, et pouvait largement être blâmée de la situation ; n'entrent aussi facilement dans la danse que ceux qui ont déjà de la noirceur en leur cœur. Se débattre n'avait chez la demoiselle jamais été une option, ni même une tentation.
Les yeux levés sur sa position, à peine surprise de pouvoir entendre ses mots malgré son évident chuchotis, Solvej sursauta néanmoins quand il apparut à ses côtés. Depuis combien de temps connaissait-elle le dieu ? Elle avait arrêté de compter il y a bien longtemps, et sa mémoire lui faisait défaut ; si ce n'est de leur première véritable rencontre (marquée par le décès impromptu de son père), les dialogues suivant été noyés dans les brumes de l'oubli. Et malgré ces lustres, passés bien trop rapidement, elle était encore surprise par Loki. C'est ce qui faisait son charme... Ça, et ses beaux yeux. Ce n'est pas Solvej qui vous détrompera.
Elle frissonna doucement en sentant l'Asgardien aussi proche d'elle. Troublée, elle tenta de se focaliser sur les paroles du dieu ; elle se sentait un peu stupide, gamine pucelle rougissante et perdue en face de son amoureux. Ses réactions n'étaient pas dignes de son rang, et elle respira calmement avant de reprendre son activité normale. Vraiment stupide.
Elle sourit quand Loki reprit la parole, la confortant dans ses idées. Retrouvailles professionnelles, du concret, que du concret ; ça lui convenait. Elle avait beau partir du principe que "pas de nouvelles, bonnes nouvelles", revoir le dieu ne lui déplaisait pas. Et son cynisme non plus ; sa nouvelle vie lui convenait, sans qu'elle en soit satisfaite. Le gouvernement, en pourchassant les résistants, servait aussi la cause de l'Alliance, à laquelle venait d'abord son allégeance. Toutefois, c'était plan-plan, horriblement niais et ennuyeux... Heureusement, le fait qu'elle grappille de l'importance lui permettait de réaliser des missions plus gratifiantes ; quoiqu'elle doive composer avec le fait de rechigner à attaquer le camp de Loki. Hochant la tête après avoir laissé le dieu reformuler sa question, elle sourit, d'autant plus lorsqu'il finit de parler. Sa main était posée sur celle de Solvej, qui ne put s'empêcher une nouvelle fois de frissonner sous le contact empreint de douceur de la peau du dieu. Elle se releva lentement, laissant s'éterniser encore quelques secondes l'effleurement et répondit aux questions du dieu, doucement :


- Ils ne sont que peu méfiants, et j'ai aisément pu gagner la confiance de certains des agents. Je suis envoyée régulièrement sur le terrain... Mais à vrai dire, c'est assez routinier : le gouvernement ne s'occupe guère que des civils et de ce qui leur arrive. Ils sont bien plus focalisés sur leurs propres manquements, avec la Résistance notamment, que sur l'Alliance. Quant au groupe de The Hood, c'est à peine s'ils ont compris son existence.

Eh voilà pour le résumé des quelques mois qui s'étaient écoulés depuis son arrivée à Midgard. Certains des Asgardiens déjà sur place s'étaient même portés garants de Solvej, ce qu'elle avait trouvé amusant, et peu ragoutant à la fois. Elle avait dû remercier ces traîtres, leur faire des courbettes et papoter "agréablement" avec eux. Toutefois, depuis les siècles où elle jouait ce double-jeu, c'était devenu une seconde nature pour elle. Les héros n'y voyaient que du feu.


- J'ai une liste de certains membres du gouvernement ici, et les rôles qu'ils ont pu jouer ces derniers temps...

Sortant un vélin de ses poches, elle le tendit au dieu, attendant la réaction qu'il aurait à ses paroles...

Malgré toute la dévotion de la jeune guerrière, Loki savait que le moindre faux pas pourrait l'amener à la perdre. Les femmes étaient changeantes, parfois encline à désirer de nouvelles expériences. Sortir du train-train quotidien, s'envoler au plus loin, sans regarder derrière elles. Solvej était tout à fait capable d'en faire autant, même si les chances étaient moindres. Pour ne pas dire inexistantes. Son cœur battait pour le Dieu, cela n'en faisait aucun doute aujourd'hui. Elle ne semblait pas s'en plaindre pour autant, même s'il s'agissait d'une affection à sens unique qu'il ne lui rendrait sans doute jamais. Egoïsme divin. Sa tendre épouse regardait d'ailleurs avec une certaine appréhension l'évolution du lien qui unissait les deux asgardiens. Comme si la gangrène pouvait s'étendre à leur couple, couple qui n'était pas des plus soudés par delà les neuf mondes. Bien au contraire.

Lorsque les premiers états furent notés à l'oral, le Dieu ne put s'empêcher de ricaner. Le Gouvernement n'était pas si avancé que cela, comparativement aux autres groupuscules. Ils se contentaient de suivre une marche bien précise, rythmée par les arrestations diverses et affrontements contre les Résistants de Captain America. Quelque chose de relativement rassurant dans l'idée, or il ne s'agissait que d'un seul point de vue, celui de son infiltrée, et il ne suffisait pas à Loki pour se faire une idée précise de la chose. Mais il fallait bien avouer qu'il désirait toujours plus davantage qu'il n'avait déjà, et se méfiait parfois même des propres mots d'Ikol, qui pourtant étaient émis à même de son esprit.

L'oiseau magique apparut sur son épaule, battant légèrement des ailes afin de se stabiliser. La jeune femme sortit le morceau de papier et le tendit au jotun, qui ne le prit pas. C'est la pie qui s'en chargea, coinçant entre son bec les informations précieuses que venaient de lui offrir Solvej. Il s'empara cette fois du vélin, lut les inscriptions et le froissa dans sa paume. L'homme approcha ses lèvres de sa propre main et souffla sur le papier, qui s'envola dans un éclair de flammes volatiles. Toutes les preuves avaient été annihilées dans une expiration.

« Très bien. », lui annonça t-il simplement.

Marchant autour d'elle tel un rapace, il vint tout de même à lui demander comment elle allait. Faire de la sensiblerie ne lui ressemblait pas, mais la moindre attention envers la demoiselle pouvait la transformer. Il voulait tester, une fois de plus, la résistance de la guerrière, éprise d'un divin sorcier aux aspirations malsaines.

« Comment te portes-tu, Solvej ? Ton frère te manque t-il ? »

Il marqua une courte pause. Jusqu'où pourrait-elle donc aller ?

Solvej sourit en voyant Ikol arriver. Elle l'avait toujours trouvé intimidant, voire effrayant, mais sa présence était aujourd'hui étrangement réconfortante. Peut-être parce qu'elle l'associait à des émotions, des sentiments, même des souvenirs, qui lui étaient agréables. Néanmoins, la surprise put se lire sur la visage de la demoiselle quant ce fut l'oiseau qui attrapa son précieux papier ; cela ne la dérangeait pas en soi, mais la surprit. Se rassurant, elle observa la pie s'envoler doucement, se poser à nouveau sur son maître pour lui offrir les quelques noms rapidement gribouillés. Silencieuse, elle le regarda lire, et hocha la tête quand son souffle fit voler en cendres toutes ces preuves. Qu'elles lui semblent inutiles ou qu'ils les retiennent, elle s'en fichait : elle avait fait son boulot, du mieux qu'elle pouvait... Même si ça n'était jamais assez. Peut-être devait-elle s'impliquer -ou sembler d'impliquer- plus encore, pour tenter de monter dans la hiérarchie gouvernementale et d'infiltrer des secrets plus intéressants qu'une vulgaire liste de noms, au final plutôt aisée à trouver.
Souriant aux mots du Jotun, elle frissonna en le sentant lui tourner autour. Immobile, seuls ses yeux prenaient le luxe de se déplacer : ni son visage, ni son corps ne tentaient même de suivre le corps de Loki. Il entrouvrit à nouveau les lèvres, pour cette fois-ci poser une question plus personnelle. La demoiselle pinça les lèvres, et secoua légèrement la tête, néanmoins toujours solide et bien campée sur ses jambes. Soufllant légèrement, elle répondit à mi-voix, certaine qu'il pourrait d toute façon l'entendre :


- Je vais bien, même si la vie ici est plutôt ennuyeuse. Et maintenant venait la véritable question, celle qui était intéressante sur les deux interrogations du Dieu. Du moins, c'est ainsi qu'elle le ressentit : Thorgeir... Oui, il me manque. Cela fait déjà un bon moment que nous ne nous sommes pas vus.

Elle aurait voulu en dire plus, mais Solvej était en général plutôt avare de parole, et ça ne lui ressemblait pas de s'épancher. Elle tenta toutefois de s'ouvrir un peu -enfin, de faire s'ouvrir le Dieu :


- Et vous ? J'ai cru entendre que votre femme devait vous rejoindre dans les prochains temps...

Elle ne se souvenait plus d'où elle en avait entendu parlé, mais cette idée lui était familière. Le cercle asgardien, sans doute...

« Je vais bien, même si la vie ici est plutôt ennuyeuse. »

Etrangement, cette réponse ne le surprit pas. Venant d'elle, une noble guerrière asgardienne, on ne pouvait pas rêver plus ennuyant que Midgard. Surtout vis à vis des humains, de leur quotidien routinier et leurs loisirs à dormir debout. Ce qu'elle n'avait pas comprit c'était le véritable intérêt de ces mortels...ce n'était pas tant les objets de leur distraction qui importait mais eux. Oui, eux, ces pauvres Hommes. Le seul divertissement que l'on pouvait avoir c'était grâce à eux, et rien d'autre. Un jour elle comprendra le pourquoi du comment. Sigyn n'avait jamais adhéré à cela, Solvej n'y adhérerait sans doute jamais. Pourtant, c'était la stricte vérité, et des personnes avant lui, même des plus saines, s'en étaient rendu compte.

« Ne perds pas patience, Solvej, il viendra. »

De gré ou de force, d'ailleurs. Il avait pour projet de le faire venir en Midgard, pour qu'il puisse rejoindre sa sœur. Ensembles, ils devaient sans doute décupler leurs capacités. Or il ignorait ce que pensait réellement de l'asservissement de Solvej à Loki, ce qui était susceptible de poser quelques problèmes. Pourtant, rien ne semblait inquiéter le Dieu : il avait en sa possession toutes les billes nécessaires pour pouvoir en sortir victorieux. A lui seul, il pouvait soumettre Thorgeir, et on ne l'en empêchera pas. Même si, à vrai dire, il aurait mille fois préféré ne pas le faire lui-même...

Il s'arrêta de nouveau face à elle, joignant ses mains dans son dos. Ikol fixait la jeune guerrière de ses iris pourpres, impatient de voir la suite des événements.

« J'estime que tu es en mesure de me donner plus. La prochaine fois que nous nous verrons, tu auras abattu un de tes alliés du Gouvernement. »

Sans lui en révéler davantage.

Lorsqu'elle posa une question concernant sa femme Sigyn, il laissa un silence s'installer. Pas que le sujet était sensible, au contraire, mais il n'aimait pas parler de lui. D'ailleurs, pouvait-on réellement assimiler la déesse comme faisant partie de son être ? Telle est la question. C'était pourtant lui qui l'avait désirée, il l'avait conquit, et s'était retrouvé avec un fardeau. La faute lui revenait de droit. Après une bonne minute à être coi, il glissa à son attention ces quelques révélations.

« En effet. Elle te trouvera en premier. C'est à ce moment-là que tu lui diras ces quelques mots... »

La pie magique poursuivit :

« Au crépuscule, sur les terres du baron de Latvérie. La lune sera pleine. »