Nous savons que les Enfers est son domaine. Méphisto, avec qui il a longtemps rivalisé, a réussi, à l'aide de nombreux sous-fifres sous son contrôle, à le chasser sur Terre, là où il passa de longs millénaires à se construire des vies et à accroître sa puissance, le tout dans le plus grand des secrets. Ce n'est que récemment qu'il a pu retourner aux Enfers, grâce à la séparation avec un mortel avait qui il avait partagé son corps. De nombreuses raisons le pousse également à vouloir se venger de lui.
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- Citation :
- Journal intime de Judith Printemps, 18 novembre 1887, Paris
Cher journal,
Mon désespoir me semble infini. Mon tendre mari ! Pourquoi a t-il fallu que tu sois arraché à la vie si tôt…j’avais tellement à te dire, à te prouver, oh, je regrette d’avoir pu me montrer si maladroite à ton égard, à tous ces instants où j’ai été sotte d’imaginer que tu me verrais enfin sous un nouveau jour. Il est vrai que tu es parti il y a de cela quelques jours, mais je n’ai de cesse que de me recueillir sur ta tombe, silencieuse. Ce voyage, comme j’aurais été humble d’y participer. Je voudrais tellement te rejoindre, mon cher Joshua, tellement…mon audace n’est pas à la hauteur de tes espérances, pardonne-moi. Nous devrons vivre séparés, pour de longues années à venir encore. Dès lors où tu es entré dans ma vie, tu m’as rendue heureuse, une fois côte à côte, j’étais comblée. Je ne pourrais me voir autrement qu’avec toi. Comment est-ce possible…
Seigneur, ayez pitié de moi.
Judith P.
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- Citation :
- Journal intime de Judith Printemps, 24 novembre 1887, Paris
Cher journal,
Je me suis rendue de nouveau sur sa tombe, lui déposer quelques fleurs. Comme à mon habitude, je lui ai choisi des Lys, ses fleurs préférées. Je lui ai longuement parlé, pensant qu’il allait me répondre. Aujourd’hui, il a commencé à neiger sur notre Paris. Un manteau blanc qui ne m’allait guère, moi, endeuillée comme jamais. Père m’avait déjà fait part de ses conseils, qui me permettraient de ressortir petit à petit de ce malheur. D’après ses dires, seul le Temps est celui qui me permettra de m’aider. Attendre, toujours attendre. Je ne me voyais pourtant point quitter mes sombres atours. Nous avions promis qu’aucun de nous deux ne trahirait l’autre. Je tiens à te le dire, mon amour, que je t’aime, et ne te trahirait jamais, tant bien même que la mort nous ait séparés.
Judith P.
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- Citation :
- Journal intime de Judith Printemps, 2 janvier 1888, Paris
Cher journal,
Madame Martineau m’a rendue visite aujourd’hui. Elle était radieuse, dans cette robe ocre, vraiment. J’étais loin de l’égaler, j’avais le teint mort, vêtue de noir, avec néanmoins une touche de dorure grâce aux quelques bijoux que j’avais bien voulu porter. Plus le temps passe, plus je me sens revivre petit à petit. Ton souvenir reste toujours là, certes, mais celui-ci pèse de moins en moins lourd sur ma faible conscience. Ce soir, je suis même invitée à un bal, où d’autres personnes issues de la bourgeoisie, tout comme moi. Je me suis fin décidée à m’y rendre. L’aide de ma douce Caroline me sera d’un grand besoin. Cela fait tellement longtemps que les couleurs ne m’ont pas effleurées…tant de temps que ma féminité s’était envolée avec toi…. Désormais, je ne serais plus la femme endeuillée d’un jour, ni de deux mois.
Mes pensées vous sont toutes réservées.
Judith P.
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Judith ; « Bonsoir. »
Dressée devant la tombe de son défunt mari, elle l’avait salué, comme toutes les autres fois où elle avait pu lui rendre visite. Elle vérifia si rien n’avait été volé, que ce soit les pierres, les fleurs…et, visiblement, rien n’avait été saccagé, chose qui la rassura. Ce jour-là, il pleuvait, elle s’était vêtue d’une belle robe en soie bleue, accompagnée d’un parapluie de la même teinte. Judith avait de quoi faire enrager sa mère, qui lui avait pourtant défendue d’aller au cimetière le soir, et surtout, avec une si jolie robe, qu’elle allait sûrement salir, à terme.
Pendant un moment, elle sembla être anxieuse. Ce n’était pas dans ses habitudes de rester si longtemps dans le silence. Une force invisible la poussa à ouvrir les guillemets de sa tirade, si j’ose dire.
Judith ; « Je vais bien. Je vais mieux. Il n’y a pas un seul moment où je n’ai pas pensé à toi. Ce que j’ai vécu, aussi, je ne le revivrai probablement pas. Ces années-là ont été les plus belles de toute ma vie, à tes côtés. Mais, vois-tu, comme le disait mon père, le temps a fait son œuvre, et tu me vois bien ainsi, bien vêtue, ayant enfin retrouvé mon charme d’antan. Disons que le passé est le passé, et mon futur n’est plus avec toi, mais avec quelqu’un d’autre. Le soir du bal, j’ai rencontré Philippe, un homme très agréable avec qui je m’entends à merveille. C’est…ce soir-là, je n’ai pu lui dire non. Comme toutes les autres fois. Nous avons aménagé à Argenteuil et allons nous marier d’ici l’Été prochain. Oh, me pardonneras-tu un jour… ? Dis-moi s… »
Aion ; « Une promesse. »
Elle se retourna, et tomba sur l’homme quelle aimait, ou tout du moins, quelle avait aimé de tout son être. Son parapluie tomba au sol, dans un fracas que l’on aurait pu qualifier de doux. Plus horrifiée qu’autre chose, elle restait néanmoins immobile, les yeux ronds et mouillants.
Judith ; « M…Mais, tu es… »
Aion ; « Mort, je sais. »
La peur fut étrangement remplacée par quelque chose d’autre. Cette attraction dont elle ne pouvait se défaire. Fondant dans ses bras, elle déversa un torrent de larmes, qui s’ajoutaient aux cordes qui s’abattaient sur eux. « Qu’est-ce qui se passe, voyons…Qu’est-ce qui m’arrive… », balbutia t-elle, aveuglée par ses pleurs. Quant à Joshua, il restait de marbre, passant un bras derrière sa nuque. La main de la jeune femme frôla la sienne.
Judith ; « Pourquoi…es-tu si…froid ? »