Bruce Banner observa Anthony Stark faire son entrée avec tout le sarcasme et l’arrogance qu’il le caractérisait. La paternité et l’ascension au pouvoir politique ne l’avaient en rien assagis. Dans un sens, c’était peut être une bonne chose. En tout cas, le peuple n’aurait jamais à craindre la langue de bois avec une telle personnalité à la tête de leur gouvernement. Les négociations avec les autres dirigeants devaient mériter le coup d’oeil.

Bruce regarda les entraves disparaître de ses poignées en même temps que le petit groupe de soldats d’élite qui l’avait accompagné jusque dans la demeure de Tony Stark. Il frotta machinalement ses poignée meurtries par les entraves.

Le Docteur Banner resta silencieux alors que l’homme de Fer, et accessoirement le premier homme du pays, lui proposait un verre pour ensuite venir le mettre dans ses mains pour trinquer à son retour.

Bruce se contenta d’observer Tony quelques secondes avant de déposer son verre sur une petite table d’appoint à sa portée.

Tony... commença Banner en soupirant. J’ai du mal à comprendre ce que je fais ici, exactement. Je n’ai pas demandé cette libération. Nous en avions parlé et tu m’avais promis de respecter mon choix. Je suis un danger. Ma place est dans un endroit sûr où je ne pourrais risquer de blesser qui que ce soit. Je suis désolé mon ami mais je ne te serais d’aucune aide.

Le docteur Banner secoua la tête et recula d’un pas. Il marcha par inadvertance sur l’un des jouets des jumeaux de Tony qui émit un couinement de protestation. Bruce posa son regard sur l’objet et se pencha pour le ramasser. Il eut un petit sourire.

Mari. Père. Président. Tout ce que tu touches se transforme en or mon ami, lança Bruce avec un gaieté teintée de tristesse.

Il déposa le jouet à côté du verre qu’il n’avait pas pris la peine de toucher.

On peut dire que Virginia a fait un travail merveilleux avec toi. Tu devrais lui remettre une médaille, continua en pointant du doigt son ami. En tout cas, je suis vraiment heureux pour vous.

Bruce était sincère. Il s’était toujours réjoui du bonheur de ses amis proches. Malgré toutes les épreuves qu’il avait traversé, il pouvait envier la vie des autres mais il ne la jalousait jamais...

Banner passa une main dans ses cheveux, hésitant à poser la question.

Est ce qu’elle va bien ? Betty ? Je ne l’ai pas revu depuis... ca fait un an maintenant que je suis en prison. J’ai refusé toutes ses visites. C'est mieux comme ça.

Bruce ne voulait pas que son ancienne fiancée le voit dans cet instant, coincé entre quatre murs à attendre... rien en fait. Il voulait qu’elle l’oubliât et refît sa vie avec un homme normal et sain, avec qui elle aurait une famille, une belle et grande famille comme elle le désirait.

Bruce regarda les photos qui se matérialisaient devant lui en un mirage holographique. Banner connaissait bien la plupart des visages présents. Il avait combattu nombreux de ces criminels lors qu’il faisait encore parti de l’équipe des avengers, au côté de Tony mais aussi de Steve et de Thor.

Le physicien s’était toujours senti plus proche de Stark que des autres. Peut être simplement parce qu’ils étaient tous les deux des hommes de science et des pionniers dans leur domaine ? Ou partageaient-ils quelques blessures communes ? des regrets semblables ?

Bruce s’attarda quelques secondes sur Emil Blonsky. Il avait déjà affronté plusieurs fois cet homme ou plutôt leur alter ego respectifs s’étaient combattus et avaient laissé derrière eux, des villes en ruine. Banner avait arrêté Blonsky mais il n’était pas fier de ce qu’il avait fait. C’était ses recherches qui étaient à l’origine des monstres qui s'étaient développés en chacun d'eux ...

- Il n’y a jamais eu de bon vieux temps Stark, lança Bruce en soupirant. Seulement de bonnes vieilles erreurs...

Le regard de Banner se posa alors sur une autre photo et les sourcils du physicien se froncèrent légèrement. Bruce s'avança de quelques pas et contempla le visage fin presque aristocratique et les yeux bleus clairs et rieur de l'homme. Aussitôt, comme si quelqu’un venait d’appuyer sur un interrupteur, la mémoire lui revint.

J’ai déjà vu cet homme lorsque j’étais en prison. Il accompagnait mon avocat Maître Mariti. Il m’a parlé. Il m’a dit que les jours de ce monde étaient comptés, qu’il viendrait jusqu’à toi et qu’il finirait ce que avait commencé. Tony...

Inquiet, Bruce se tourna vers Tony et prit une profonde inspiration. Aussitôt son regard se brouilla et sa phrase à peine entamée mourut. Machinalement, il regarda autour de lui et tomba à nouveau sur l’image de Sithakala.

J’ai déjà vu cet homme lorsque j’étais en prison. Il accompagnait mon avocat Maître Mariti. Il... (Bruce s’arrêta quelques secondes et secoua la tête, interdit) J’ai déjà dit cela à l’instant, n’est ce pas ? Je l’avais... oublié... comment ai-je pu l’oublier ? Et pourquoi je me rappelle de lui seulement maintenant en voyant sa photo ? Tony, qu’est ce que...

Bruce se tourna vers Tony, quittant des yeux la photo de Sithakala à nouveau.

Qu’est ce que je disais ? termina Bruce en haussant légèrement les épaules...

Comme si rien ne s'était passé, Banner accepta l’ordre déguisé de son ami et prit place sur le canapé. Il écouta Tony lui parler de sa fiancé. Stark tentait de le convaincre de revenir vers elle. Comme si Bruce n’en mourait pas d’envie ? Il aimait profondément Betty. Tony ne pouvait-il pas seulement comprendre que c’était pour cette raison qu’il devait se tenir éloigner d’elle.

Bruce s’enfonça dans le canapé. Il ajusta ses lunettes avant de croiser les bras devant sa poitrine. Son regard se perdit en direction de la baie vitrée et de l’océan de building qui s’étendait devant eux. La tour Stark dominait le ciel new yorkais

Quand Betty m’a dit qu’elle voulait se marier et avoir des enfants, j’ai fait une petite batterie de tests sur moi. La mutation a affecté toutes mes cellules, également mes cellules reproductives... Il y a une probabilité de soixante quinze pour cent que Betty et moi ayons un enfant... disons... particulier. Je refuse de prendre ce risque... Ce serait complètement irresponsable de ma part.

Bruce se tourna vers Tony pour le fixer dans les yeux.

- Tu ne peux pas comparer la relation que j’ai pu avoir avec Betty à celle que tu entretiens avec Pepper. Si un jour, tu en as assez de jouer les iron man, il te suffira de ranger ton costume de métal dans un placard. Je ne peux pas faire de même...

Bruce Banner écouta son ami. Il avait vécu ce terrible épisode de la mort prétendue de Tony Stark du fin fond de sa cellule. D’abord, la direction de l’établissement avait fait le choix de maintenir Bruce dans l’ignorance. Même si sa prison avait été conçue pour résister aux attaques du géant vert, personne ne voulait prendre le risque de réveiller le monstre. C’était l’absence de Stark qui avait d’abord inquiété le physicien, puis, les quelques rumeurs lâchées maladroitement par ses gardiens. Bruce avait fini par comprendre et Hulk s’était déchaîné dans leur cellule, trois jours durant, avant de finir par tomber d’épuisement.

La douleur morale était toujours plus terrible que la douleur physique...

Tony revint vers Bruce et reprit sa place sur le canapé jumeau du sien. Le président insista sur l’époque où Banner pouvait faire appel à son alter-égo sans prendre le risque de déclencher l’apocalypse. Une courte période d’équilibre qui avait permis à Bruce de s’installer dans une vie plus tranquille et saine en compagnie de Betty, avec la complicité de Tony et de Pepper. C’était le temps de la grandeur des Avengers où Steve Rogers alias Captain América comptait encore parmi leurs alliés et amis. Belle illusion en vérité...

«Je n’ai jamais vraiment eu le contrôle, Tony, expliqua le docteur Banner en secouant légèrement la tête. Je suis une bombe en retardement, impossible à désamorcer et tôt ou tard, je finirais par exploser. Hulk... (Bruce grimaça légèrement de dégoût) L’autre finit toujours par resurgir. Qu’importe les moyens que je mette en oeuvre pour le contenir, il finit toujours par trouver une parade pour prendre le dessus. Il devient de plus en plus fort, jour après jour...»

Banner retira ses lunettes pour se pincer l’arrête du nez.

Bruce repensa à son adolescence. Le soir où l’autre avait déposé une bombe dans les locaux de son lycée après la terrible raclée qu’il s’était pris par un des élèves. Quand il était revenu à lui et avait compris la situation, le jeune Bruce avait rebroussé chemin. Il était parvenu à arrêter l’engin à temps et avait évité le pire. C’était des années avant l’accident, avant que Hulk ne prenne cette forme physique monstrueuse. Le monstre était déjà tapis dans l’ombre et il attendait son heure.

Après avoir vérifié rapidement la propreté des verres de ses lunettes, le physiciens les remit sur son nez et croisa la bras devant sa poitrine.

«Je vais te dire un petit secret sur lui. Il n’est pas cet être totalement dénué d’esprit et d’intelligence que tout le monde se plaît à croire. Il est capable d’élaborer une stratégie. Je suis certain qu’il a un plan, et que celui-ci n’est pas pour plaire aux pauvres diables que nous sommes...»

Bruce savait qu’il ne pourrait jamais échapper à son alter-égo. Il n’y avait aucune issue. C’était l’une des raisons qu’il l’avait convaincu de tenter d’en finir. Mais Hulk avait recraché la balle qu’il s’était tiré dans la bouche et le cauchemar avait continué. Banner s’était alors retirer au fin fond du monde. Venir en aide à son chacun lui avait permis de trouver un équilibre.

Banner observa quelques secondes son ami avant de continuer.

«J’ai confiance en toi, Tony. (Bruce laissa échapper un petit rire moqueuse). Malgré tous les ennuis que j’ai pu avoir avec les institutions, tu as mon soutien total et j’aimerais t’aider dans ta tâche, en temps qu’ami et que spécialiste de la physique»

Bruce s’avança vers Stark les mains jointes pour poser les coudes sur ses cuisses et prendre appui sur ses avant-bras. Il regarda le président dans les yeux avant de continuer.

«Mais je ne veux plus aller sur le terrain, Tony. Je refuse de prendre le risque de le réveiller à nouveau. Parce qu’a chaque nouvelle transformation, il reste plus de lui que de moi.»

Bruce observa son ami alors que celui-ci montrait de curieux symptômes. Banner ne put ignorer la manière dont son oeil droite était en train de cligner indépendamment de son oeil gauche alors que Stark secouait la tête comme brusquement en proie à un malaise.

«Tony ?»

Bruce se leva aussitôt et se dirigea rapidement vers son ami. Il était juste à côté de lui quand Stark lui demanda ce que était en train de dire.

«Tu parlais de lâcher Hulk au milieu des troupes de Doom, puis tu as eu une sorte d’absence» lança Banner avant de sortir une petite lampe de la poche intérieure de sa veste.

Il l’avait récupéré en même temps que le reste de ses affaires personnelles à sa sortie de prison. Il passa rapidement la lumière devant les pupilles de Stark. La gauche répondait de manière tout à fait normale mais la droite semblait montrer quelques difficultés à répondre correctement au stimuli.

Le docteur Banner secoua la tête et avant de ranger la lampe dans sa poche.

«Tony, je ne sais pas trop ce qu’il se passe. J’aimerais seulement très sûr que tu n’es pas en train de faire une quelconque attaque cérébrale d'accord.»

Bruce se redressa et haussa légèrement le ton pour s’adresser à l’intelligence artificielle de la demeure.

«Jarvis ! Pourrais-tu, s’il te plaît, procéder à un scanner de Stark. Urgence médicale.»

Il ne se passa rien durant quelques secondes puis un rayon bleu sorti du plafond pour se diriger sur la tête de Tony Stark. A l'origine, Jarvis n’était pas programmé pour obéir à Bruce Banner mais l’I.A. avait principalement pour devoir de veiller à préserver la santé physique et mentale de son maître et de sa famille. De plus, il reconnaissait le docteur Banner comme l’un des proches de Stark.

Bruce attendit patiemment que le scanner se termine cela demanderait sûrement encore quelques minutes. Il croisa les bras en entendant en observant Stark comme s’il s’attendait à le voir manifester une nouvelle crise étrange.

«As tu souvent ce genre d’absence ou de perte de mémoire ?»

Personne ne savait réellement ce que Brain avait fait subir à Tony lorsque ce dernier était entre ses griffes. Les choses étaient allés si vite entre le moment de la mort présumée du président et son retour au pouvoir. Les autorités trop heureux de récupérer leur dirigeant avait sûrement négliger quelques détails sur la santé physique de Stark. Surtout que l’homme de fer faisait souvent fi de sa personne.

«Nous n’avons jamais vraiment parlé de ce qu’il s’était passé quand... tu étais présumé mort.»

Banner s’était toujours demandé pourquoi Brain avait pris la décision de faire croire à la mort de Stark. Pourquoi ne pas le tuer vraiment ? Brain avait forcément un but pour agir de cette façon. Malheureusement, ce criminel avait emporté ses secrets dans la tombe.

Au bout de quelques minutes, Jarvis signala qu’il venait de terminer de scanner Tony Stark. Les résultats de ses analystes ne tardèrent pas à apparaître sur l’une des projections holographiques générés par l’ordinateur. Bruce s’approcha de ces derniers pour les lire, cherchant quelques indices qui pourraient le renseigner sur les conditions de santé de son ami. Il ignorait complètement ce qu’il allait découvrir et même si il allait vraiment découvrir quelques choses sur ces analyses...