Vous approchez pas de ce type. Sans déconner, c'est un vrai nid à emmerde, le genre à mettre ses deux pieds dans un nid de frelons sans même se poser de questions. Si je veux dire qu'il est téméraire ? Putain oui, il est même fou à lier l'abruti, faut croire qu'un moment donné dans sa conception il y a un truc qu'a foiré genre "Peur ? Non pas besoin dans celui-là." A part ça c'est plutôt un bon gars, enfin je vous dis ça mais je le connais pas tant que ça, dans le service il n'y a pas grand monde qui lui parle, il a son bureau au fond du commissariat et il s'occupe des dossiers qui n'ont jamais eu de fins et avant lui c'était le poste le plus tranquille. Ca pour être déterminé il est déterminé, il manque pas de cran et d'assurance mais il va s'attirer des ennuis dont il arrivera pas à se tirer un jour et il l'aura dans l'os mais c'est son problème. En dehors du boulot c'est le mec cool, il parle avec tout le monde, il se prend pas la tête, il est ouvert et disponible du genre facile à vivre et en plus un cordon bleu comme on en trouve pas cent dans les rues de nos jours. Son seul problème c'est que quand il bosse il fait pas de compromis, pourquoi vous croyez qu'on l'a surnommé Ness ? Il est incorruptible, au début on croyait que c'était un genre qu'il se donnait mais ça fait dix ans qu'il est dans le service et il a pas touché  une fois à quoi que ce soit. Même pas un petit joint ou un dollar, rien de rien. Ca pour être intègre c'est pas croyable de le voir rester toujours de marbre devant ce qu'on lui propose mais ça fait parti de qui il est. A part ça c'est un célibataire incurable, je crois pas l'avoir souvent vu avec quelqu'un, à mon avis il est pas du genre  à se poser et se perdre dans une relation, faut dire qu'entre son boulot avec lequel il est marié ça doit pas être facile de se faire une place à ses côtés. C'est con parce que vous pouvez toujours compter sur lui, ça doit être le petit copain idéal, enfin si c'est possible de le faire décrocher de son boulot, et peut-être aussi de la clope mais ça c'est un autre combat. Puis faut accepter son côté mutant aussi mais ça c'est un truc personnel à chacun, moi il m'a sauvé les miches alors tu parles que j'aime son attitude du genre à sauter dans les emmerdes avec les deux pieds. C'est complètement dingue d'ailleurs qu'il se jette dans la gueule du loup comme ça parce que autrement c'est genre le roi du karma zen. Il est d'un calme carrément flippant, il s'énerve pas, il s'emporte pas, même dans le feu de l'action on dirait qu'il est parfaitement calme comme s'il avait pas peur, c'est flippant.

Ah son pouvoir c'est sûr que c'est pas un truc de chochotte enfin on va commencer par le commencement. D'abord faut savoir qu'il est foutrement en forme, il fait pas mal de sport, du muay thaï un truc de combat assez impressionnant dans son genre et il s’entraîne régulièrement, du coup question forme physique il est loin d'être à la masse. Question arme il est carrément dangereux, meilleur tireur de la brigade depuis qu'il est arrivé, il s'est entrainé avec le SWAT paraît même qu'il le voulait mais qu'il a refusé, ça vous laisse imaginer l'engin de guerre quand il se met en pétard. Puis s'il est doué avec une arme à feu je vous explique pas avec un katana, paraît que son père était un ancien maitre de dojo ou une connerie du genre alors il l'a initié au truc des samouraï, m'enfin après, peut-être bien que c'est du flan, je suis pas allé l'affronter pour voir. Et il y a son pouvoir, sans déconner je suis pas triste qu'il soit de notre côté, il peut créer des boules d'énergie et les balancer genre comme des balles de base-ball. Ca tue pas mais par contre c'est violent et douloureux, il m'en a balancé une quand il m'a sauvé la vie pour éviter que je me prenne une clim' sur la tronche ben ça fait pas du bien. Quand il se concentre il peut les faire grossir genre balle de foot et là ça peut défoncer un mur, il l'utilise assez souvent mais je sais pas si c'est dans le code du bushido ou quoi mais il tue pas à l'aide de son pouvoir. Par contre pour ce qui est de son flingue...

Un costume ? Genre une super combinaison de la mort comme dans les comics ? Non c'est pas son style, lui c'est sobre, jean, chemise, gilet, il est simple dans son style mais ça n'empêche pas que c'est un héros, ouais un héros ! Parfois je me demande même pourquoi il fait pas cavalier seul, quand il demande des renforts, il en jamais alors à quoi bon se faire chier à continuer d'être dans la police ? Il ferait sûrement le même travail, moins le côté restrictif de la paperasse. Bref pas de costume officiel, c'est un policier, un héros à visage découvert, je crois qu'il s'est recensé dans les premiers quand la loi est sortie, faut dire qu'il s'est jamais caché derrière un masque comme les lopettes costumés qu'on voit à la téloch.

 

C'est quoi l'avenir d'un flic à Chicago ? Certains pensent que les histoires de mafia et compagnie sont terminés depuis longtemps que les policiers de la ville sont intègres, c'est de la connerie, de la connerie à tous les niveaux, de la foutaise à tous les niveaux, une foutaise bien épaisse qui cache la vérité. Lorsque je suis arrivé pour la première fois au commissariat, j'avais dix-huit ans, je sortais de l'école, j'étais déterminé, je voulais être le meilleur flic de la ville, rendre les lieux plus sûrs et c'est ce que je m'emploie toujours à faire aujourd'hui. Dans une ville qui  ne serait pas gangrenée par la corruption, il y a longtemps que je serai commissaire mais ici à Chicago, on s'est contenté de me remiser au fond d'un cagibi que j'ai eu le droit de transformer en un bureau. J'ai toujours été un bon flic et ça a été mon problème en réalité. Après la mort de mon père, son meurtre pour dire vrai, j'ai décidé de devenir policier et je m'y emploie jour après jour, seulement dans ce commissariat, je ne ferai pas confiance à qui que ce soit, tous sont corrompus, pourris jusqu'à la moelle et parce que je suis le seul flic intègre de la bande on m'a surnommé Ness, et parce que je suis le seul flic intègre, on m'a remisé au placard en me filant les affaires froides. Jour après jour je fais mon boulot avec mon cœur et mes tripes, j'ai quelques cicatrices pour prouver que j'en ai fais plus depuis mon arrivée que bon nombre des bouffeurs de doughnuts à la patte graissée de cet endroit et cet endroit me rend dingue. Revenons en pour le moment au tout début de toute cette histoire, oh et en passant j'espère que vous avez aimé le petit résumé de ma personne qu'à fait mon coéquipier … Feu mon coéquipier.

Je suis né à Chicago, pas dans les beaux quartiers riches de la ville mais pas non plus dans les quartiers les plus mal famés, je suis né dans les quartiers des classes moyennes. Je n'avais que mon père, ma mère a disparu après ma naissance, elle a simplement quitté l'hôpital sans demander son reste, je pourrai dire que je l'ai cherchée comme j'en avais les moyens mais ça serait mentir. Je l'ai pas cherchée, si elle n'a pas voulu de moi au tout début, qu'est-ce qu'elle ferait de moi après trente et un ans ? Puis je crois que je suis un peu vieux pour m'asseoir sur les genoux d'une femme que je connais pas en racontant les histoires de mon quotidien. Alors j'ai grandis qu'avec mon père, un homme bien ça va sans dire, venu tout droit du japon mais ne vous y trompez pas il avait le type parfaitement caucasien, les gênes asiatiques viennent de ma mère qu'il a rencontré ici à Chicago. Il tenait un dojo qui faisait dans les armes, tout principalement le maniement du katana selon les vieilles traditions des samouraï et en bon fils j'ai été son meilleur élève. Celui qui a commencé le plus jeune aussi. A la maison c'était strict, c'était carré, rien n'allait jamais de travers, à l'école je n'étais pas le meilleur, j'étais dans la moyenne ni au-dessus, ni en-dessous, l'élève discret dont les profs ont déjà décrété sans rien en savoir qu'il « peut mieux faire en se donnant de la peine ». C'est vrai que je ne me donnais pas à fond mais l'école ne m'a jamais plus outre mesure alors je faisais ce qu'il fallait pour réussir et on s'arrêtait là. J'ai eu une enfance ordinaire sans rien d'exceptionnel, ni de prodigieux, mon père était formidable, un excellent père, un très bon maître d'arme, il m'en a toujours un peu voulu d'avoir choisis le muay thaï quand il m'a demandé quel art martial je voulais pratiquer. « Ce n'est pas un style noble, c'est un fourre-tout ». Pourtant il a accepté malgré son habituelle rigidité et apparemment il a eu raison parce que je suis plutôt bon pour ça. Mais ce que mon père m'a surtout appris c'est la maitrise de moi, de mon calme et mon sang-froid, quand votre pouvoir vous fait apparaître une sphère d'énergie dans la main sous le coup de la colère, mieux vaut se maîtriser. Il a été doué pour m'apprendre la patience et le calme, il n'avait pas froid aux yeux quand je devais faire le vide et qu'il m'allongeait gifle sur gifle avec des mots toujours plus durs mais j'ai appris et je m'exerce aujourd'hui encore. Pour me faire sortir de mes gonds il faut vraiment en vouloir et quand ça arrive il vaut mieux ne pas rester dans les parrages.

A dix-sept ans j'ai pris la décision de devenir policier quand, en rentrant des cours, je suis arrivé au dojo pour y trouver une armée de voitures de police, pompier et samu. Difficile de dire précisément ce qui s'est passé qu'on m'a dit à l'époque, apparemment le dojo de mon père gênait le trafic d'un gang, il aurait été un entrepôt utile et mon père se refusait à participer au marché de la drogue dans la ville. Pour ça il a reçu une balle en pleine tête et moi l'insatisfaction frustrante de m'entendre dire que l'enquête ne pouvait pas progresser, qu'il n'y avait pas assez d'indice, alors j'ai décidé d'entrer dans la police, pour la justice et quelque part pour ma vengeance. J'ai retrouvé l'homme qui a tué mon père et son commanditaire si ça peut vous intéresser et ils sont toujours en vie. Condamnés à la prison à vie mais en vie, c'est pas que ça  ne m'a pas démangé d'appuyer sur la détende mais j'ai toujours été un policier honnête et intègre, je ne voulais pas me salir les mains pour eux. Si à dix-sept ans j'ai pris la décision, j'ai dû attendre ma dix-huitième année pour m'engager dans la police et après les cours, dont je suis sorti premier de classe pour la première fois de ma vie, j'ai choisis mon affectation à Chicago. Je crois que personne n'y croyait de trop, d'habitude on se choisit une affectation un peu plus tranquille pour commencer mais non pas moi, moi je suis directement allé pour une ville connue pour avoir une police corrompue. Et quand je suis arrivé le premier jour on m'a de suite annoncé la couleur, la fermer, obéir et savoir fermer les yeux. Je l'ai fais, je le fais toujours, si je ne le faisais pas je serai obligé d'arrêter presque tout le commissariat où je suis affecté alors je ne peux pas le faire. Et puis la voix d'un policier collé aux affaires froides ne ferait pas le poids face à tout un commissariat, son capitaine et son commissaire.

J'ai passé trois ans à me former pour devenir inspecteur et pendant ce temps je voyais mes collègues accepter pot de vin et « avantages » qu'ils n'auraient jamais dû avoir. J'étais dégoûté mais pas démoralisé, ma formation d'inspecteur touchait à sa fin et quand enfin je fus inspecteur, mon binôme fut un policier aussi désagréable et imbu de lui-même que corrompu. Il ne se gênait pas à récupérer ses pots-de-vin devant moi tout en sachant très bien ce que je pensais, il fermait les yeux sur des trafics de drogue et d'armes alors que je restais dans la voiture à observer son manège. Il faisait chanter des vendeurs à la sauvette en menaçant une visite des brigades de l'hygiène ou de l'immigration. C'est fou ce qu'on apprend en se taisant et en observant, personne ne se méfie du petit jeune qui la ferme et détourne le regard. Il n'a jamais accepté que je ne touche pas à ce qu'il me proposait et il a détesté le jour, un an après m'être retrouvé avec lui où je lui ai mis les bracelets avec toutes les preuves pour le faire condamner. Il a été condamné à quelques années, trois fois rien, moi j'ai eu le service à dos et l'ordre du commissaire de m'occuper des affaires froides. Il n'y avait pas de bureau pour ce service alors j'ai dû aménager un cagibi pour m'y faire une place et c'est un service que tout le personnel évite soigneusement sauf pour me jeter un autre dossier d'il y a quelques années et qui n'a jamais eu ni de piste, ni de suite. Voilà comment j'ai occupé les années suivantes de ma vie jusqu'à ce jour.

Je n'étais pas le policier que j'avais imaginé, celui qui ramenait la justice et qui redonnait du courage à ses collègues d'arrêter de se laisser avoir par la corruption. J'étais le flic au fond du cagibi qui ne pouvait rien faire avec ses vieux dossiers moisis et pourtant j'ai eu le meilleur taux d'affaire résolu deux ans de suite après ma nomination. Ca n'a visiblement pas plu à mes supérieurs puisque soudainement tout m'est devenu plus difficile, les rapports que je demandais étaient noircis par endroit, mettaient parfois des mois avant de finir sur mon bureau mais je tenais bon et j'ai même un moment cru que la nomination d'un nouveau commissaire il y a huit mois allait changer les choses. J'ai eu un renfort, ouais un petit jeune qui voulait devenir inspecteur, vingt-deux ans seulement mais il était comme moi, et sans doute était-ce pour moi qu'il était coincé dans un service que les autres jugeaient inutiles. Il était doué, un excellent flic, il m'a sauvé la vie une fois ou deux, je lui ai sauvé la vie une fois ou deux. Le commissaire a ramené un peu d'ordre dans tout le bordel et la corruption qui régnait dans les locaux mais il y a cinq jours une petite dizaine d'hommes sont rentrés en force dans le commissariat. Ils se sont fait un ménage pas croyable, comme si ça n'était pas déjà assez le bordel entre la loi sur les mutants, le président qu'est revenu à la vie et tout ce qui s'est passé depuis que la loi a été promulguée. Enfin revenait un semblant d'équilibre dans tout ce foutoir chaotique et ces hommes débarquent, armés comme des commandos. C'est marrant comme les policiers morts ce jour semblaient avoir été « choisis » pour mourir. Le commissaire qui faisait un peu trop bien son travail, deux sergents qui étaient revenus dans le droit chemin, le petit jeune qui travaillait avec moi et moi qui aurais aussi dû mourir. Je m'en suis sorti en cartonnant avec mon pouvoir mais tout ce que j'y ai gagné c'est de devoir rendre ma plaque, apparemment le nouveau commissaire est beaucoup plus … conciliant avec les gangs. Voilà donc un peu plus d'une semaine que je suis sans emploi et je me fais aborder dans un bar, entre deux bières, par une rouquine qui me demande si j'ai pas envie de devenir plus utile. Elle me donne une carte avec un lieu et une date de rendez-vous parce qu'elle aimerait discuter quand je serai sobre. Je retourne la carte pour voir une jolie petite image et un nom à coucher dehors « Strategic Hazard Intervention,Espionage Logistics Directorate ». Oh je compte bien y aller à son lieu de rendez-vous, d'autant que je le connais plutôt puisque c'est l'ancien dojo de mon père, aujourd'hui complètement à l'abandon. Je sens qu'on va rire.