Ma vie à New York était bien différente de celle que j’avais eue à la Nouvelle Orléans ou à Los Angeles. La vie était plus active, plus vivante, plus énergique mais moins reposante pour le coup. Je m’étais bien évidemment adapté. J’avais fait toutes mes études dans la plus grande ville des Etats Unis et je commençais ma vie professionnelle dans cette même ville. Cela ne faisait pas forcément une grande différence par rapport à l’année passée hormis que je n’allais pas à l’université tous les matins, mais dans un cabinet de procureur. Petite nouvelle à la barre. Je n’avais pas encore eu d’affaire, je me contentais juste de me perfectionner sur ma connaissance du code pénal et j’observais mes collègues qui était plutôt gentil et me proposer de me montrer deux trois choses. J’apprenais encore, et cela me plaisait.

Mais avec cette vie active, il fallait savoir souffler. Et le lieu idéal pour souffler selon moi sans quitter la ville était Central Park. J’y allais souvent pour courir mais aujourd’hui je voulais juste marcher tranquillement dans le grand parc de New York après une journée de travail.  Car même après avoir travaillé toute la journée, j’avais encore plein de chose à faire ce soir. Et je voulais faire une pause avant. Il était vrai que parfois je pouvais passer pour un bourreau du travail mais je savais dire stop et prendre un peu de temps pour moi.

Je quittais le cabinet où je travaillais et je me mis en route pour Central Park. L’air était frais, et un léger vent venait secouer mes cheveux. Je n’étais pas mécontente d’avoir un foulard autour de mon coup. J’étais assez fragile au niveau de la gorge depuis mon petit accident. Et si j’étais enrouée, je devais parler avec des gestes car si je chuchotais ou murmurais,  tout pouvait arriver. Le soleil commençait doucement à décliner dans le ciel de la ville. Je devais avoir une heure et demie avant que la nuit ne tombe sur la ville. J’avançais d’un pas vif et léger, me frayant un chemin parmi la foule.

Je parvins au parc après une bonne demi-heure de marche énergique. Je ralentis l’allure pour en adopter une plus calme, et qui ressemblait plus à un air de ballade. Je mis mes mains dans mes poches et enfuis-le bas de mon visage dans le col de mon menton. Je marchais tranquillement, l’esprit vagabond. Je pensais que je devais appeler ma mère car cela faisait plusieurs mois que je ne lui avais pas donnés de nouvelle. Je pensais à la paperasse qui m’attendait sur ma table de mon salon. Je n’allais surement pas me coucher tôt ce soir, encore une fois. Sans parler de mon courrier journalier. J’allais surement recevoir une énième lettre de mon père, me demandant de lui pardonner et de reprendre contact avec lui. Cela faisait presque huit ans que ça durait. Je ne lui avais jamais répondu. Il ne savait pas ce qu’on SON erreur m’avait couté. Il n’en avait aucune idée. Ma vie avait changé, je devais faire sans cesse attention à ne pas chuchoter ou murmurer, même pour jurer. Quelques choses qui peut paraitre minime mais qui à longue et assez handicapant.

J’étais complètement perdue dans mes pensées, je ne regardais pas forcément où j’allais. J’ignorais depuis combien de temps je marchais. Je fouillais dans ma poche pour sortir mon portable pour regarder l’heure, mais celui-ci était complètement déchargé. Je savais bien que j’aurai du passer mes coups de file avec le fixe de mon bureau et non avec mon téléphone personnel. Et je n’avais pas pris de montre ce matin. Je regardais autour de moi et je ne vis qu’une jeune femme blonde devant moi. Je me dirigeais donc vers elle.
« Excusez-moi, vous n’auriez pas l’heure s’il vous plaît. »

Le visage de la jeune femme me disait quelque chose. Je l’avais déjà vu quelque part…mais où. Je n’arrivais pas à mettre de nom sur son visage. Je fouillais dans ma mémoire mais impossible de trouver.