New York, une métropole de 8 336 697 habitants, une des plus grandes métropole du monde, cette ville qu'elle déjà froide au départ malgré les lumières flamboyantes qu'elle exhibait une fois la nuit tombée, revêtait maintenant sa couverture d'eau gelée et blanche. Mais cette nuit elle n'avait pas à braver le froid, car elle se trouvait dans le poste de police complètement ivre. Une soirée qui avait commencé normalement, pour elle, mais qui avait finit par mal tourner. Elle avait eu un contrat pour jouer dans un bar, elle l'avait fait et en avait profité pour prendre un coup en même temps. Ayant chaud et comme elle le faisait bien souvent lorsqu'elle était sur scène, enfin lorsqu'elle était à son aise, elle était rendue en soutien-gorge. Malheureusement, le mélange et caractère bien trempé avaient fait qu'en entendant un commentaire plus que déplacer tout avait explosé assez rapidement, visiblement l'autre aussi était saoul et ce croyait tout permis. Ainsi commença une bagarre et le gérant dû appeler la police pour qu'elle s'arrête. Elle avait cassé le nez et le bras du pauvre homme et elle avait fait un oeil au beurre noir au policier. Bien sûr sur les officiers elle n'avait pas utilisé ses dons pour ne pas subir la loi du recensement. Après lui avoir passé les menottes, ils lui avaient tout confisquées, même son chandail, qu'ils ne lui permirent pas de remettre une fois au commissariat.

La voilà donc, encore avec un haut taux d'alcool dans le sang, dans une cellule avec un simple soutif pour couvrir le haut de son corps.

« Hey l'gros, au lieu d're hic... regardez mes hic... seins hic... tu pour hic...pourrais m'passer l'téléphone hic... j'ai droit à hic... un hic... coup hic.. me semble. »

Respectant au moins ce droit pour la détenu, il lui passa un téléphone. À la résistance on lui avait donné un numéro pour ce genre de problème.

« Salut, j'suis hic... au poste de police hic... tu pourrais hic... ve... venir me hic... cher... chercher? »

« Je suis occupé, mais je vais t'envoyer quelqu'un... C'est la dernière fois. »

En réalité tout était organisée, la personne à qui elle parlait allait simplement appeler le Résistance le plus proche en ce moment.

« Merci,.. j'te rembourse...hic promis. »

Sur ce elle raccrocha et au lieu de le rendre normalement, elle lança le combiné téléphonique, qui tomba sur la tête du flic.

« Aïe petite garce. »

« T'avais juste à l' hic... à l'attraper hic. »

Alors qu'il allait visiblement lui lancer une injure, un autre officier plus jeune et plus attrayant arriva. Nigel s'approcha des barreaux, étant collé dessus, elle en profitait pour se rincer l'oeil un peu tout en s'y tenant pour ne pas tomber.

« Je viens te remplacer. »

« Bye bye l'gros. »

Voyant la porte se fermer, elle porta son attention sur le jeune homme.

« Tu voudrais enlever mes menottes hic... j'suis en ca hic...cage hic ... j'peux pas faire hic... de mal hic. »

Elle lui tendit ses mains menottées avec le regard implorant du chat Potté. Les clés des bracelets en métal dont il était question était sur un bureau pas loin et au grand plaisir de la dhampire il les lui retira.

« Hic, on pourrait s'amuser u... hic... un peu hic... avant qu'on vienne.... me chercher. »

Elle essayait d'attraper sa chemise.

« Non. »

« Mais je suis douce comme un hic.... agneau. »

« Je ne crois pas. Vous avez brisé le nez et le bras d'un civil, frapper mon collègue et vous nous avez insulter pendant tout le trajet. »

« Tu hic... étais là? »

« Oui, c'est moi qui te les avais mises. » Dit-il avec un sourire arrogant en lui montrant les menottes.

« J'savais que ça hic... t'excitait. »

Lorsqu'elle reçut un coup de fil, elle était aux abords de la 5ème avenue. Elle venait de sortir d'une réunion du groupe Olympe et n'était pas très d'humeur à s'afficher davantage...oui, parce que là-bas, elle ne faisait que servir le café, bref, jouer à la secrétaire. Sa mère qui pourtant l'aimait l'avait placée au niveau d'une boniche, rien de plus ni de moins. Elle en venait à se demander si elle faisait bien de poursuivre dans cette voie...et si elle en parlait à son mari ? Serait-il de son côté pour la défendre ? Quelque part, elle redoutait encore la pression familiale, et celle du Panthéon Olympien encore plus. Arès, lui, n'aurait pas réfléchit et l'aurait aidée. Mais ça, c'était avant la guerre civile...

Alors comme ça, elle devait récupérer une jeune fille du nom de Nigel au commissariat...c'était bien sa veine ! Encore une fois, elle faisait le sale boulot. Parfois, sa force titanesque la démangeait, à tel point qu'elle aurait aimé taper du poing sur la table et faire valoir sa place au sein de la société, qu'elle soit surhumaine ou non. Hebe prit un taxi qui la déposa juste en face du poste de police du quartier. Toujours bien vêtue, elle était née avec l'élégance sur elle. Cette nuit-là elle portait un chemisier blanc et une jupe courte, ses épaules soutenant un manteau long de couleur pourpre.

Quand elle entra dans le commissariat, on la remarqua immédiatement. Certains en avaient presque la mâchoire qui pendaient, mais soit. Elle ne faisait pas état de ces choses là. Une fois à l'accueil, elle demanda.

« Je viens chercher une dénommée Nigel. »

« Ah, celle qui a pété le nez à John ? Je ne sais pas si... »

« Où est-ce qu'on signe ? », coupa t-elle d'un ton autoritaire.

« Euh, hé bien, ici. Le montant est inscrit en bas. », dit-il en lui présentant la feuille.

Elle se retint d'en dire davantage et signa, paya la caution et se rendit jusqu'aux geôles où l'on avait enfermé sa protégée du jour. Oui, comme pour beaucoup de résistants, elle était la Mère. Ce soir là cela n'échappait pas à la règle. Un homme se trouvait en face d'une geôle en particulier, il était plutôt bellâtre mais sans plus. Il parlait avec la détenue provisoire, et ce d'un drôle de ton.

« Tu ferais mieux de te taire si c'est pour dire des bêtises pareilles ! »

« Et vous, vous feriez mieux de faire votre travail correctement si vous ne voulez pas avoir de problèmes avec moi. »

Hébété, il s'éclaircit la gorge en signe de gêne. Elle déclina son identité et il lui ouvrit la cellule.

« Allons, vous n'allez pas la laisser prendre froid ? Rendez-lui son chandail. »

Il acquiesça et le lui rendit pour qu'elle puisse s'en vêtir. Dehors, il faisait froid...bien plus froid qu'elle ne pouvait l'imaginer.

« Merci. Au revoir. », dit-elle en s'adressant au policier. Puis à Nigel : « C'est moi qui suis responsable de toi, ce soir. Où souhaites-tu aller ? »

On put lire dans les yeux de la jeune femme un certain engouement, puis un calme illusoire. Mais ses pupilles étaient encore vrillantes, ce qui démontrait qu'elle était encore sous l'emprise de l'alcool. Heureusement, Hebe n'avait pas réellement de problèmes avec les effets de ce dernier. C'était les vertus d'une Olympienne, entre autre. Il en fallait beaucoup plus pour assommer l'un d'entre eux. Lorsqu'on lui rendit son couteau, la femme fut surprise d'y voir quelque chose de naturel dans ses yeux. Une dague n'était pas monnaie courante dans cette dimension, encore moins chez les jeunes personnes. Car oui, à ses yeux, Nigel était jeune, très jeune même...trop pour porter une arme de ce rang. Mais qu'importe, ce n'était pas ses affaires après tout.

Une fois sortis du commissariat, elle soupira, seule manière pour elle de profiter de l'air qui emplissait ses poumons à cet instant précis. Son écharpe vola au vent, ajoutant un aspect majestueux à la sirène olympienne. D'une oreille, elle écoutait Nigel, qui cherchait dans sa besace quelques choses intéressantes. Une fois dégotté, le petit bout de papier faillit partir au vent, tant la brise semblait oppressante. Aux yeux de la belle déesse, rien de tout cela : le vent était quelque chose qu'elle appréciait à sa juste valeur. La nature ne pouvait pas la révulser, pas même un torrent pluvieux.

« Je ne connais pas du tout. », lui avoua t-elle.

Sans se décourager pour autant, elle arrêta un taxi. Elle laissa passer Nigel en première, car elle avait sa guitare sur le dos qui prendrait sans doute beaucoup de place sur la plage arrière. Elle la rejoignit à sa droite et annonça au chauffeur.

« 130 avenue Broadway, s'il vous plaît. »

Il acquiesça, tandis qu'elle se remettait au fond de son siège et s'attachait. Elle remarqua que Nigel ne l'avait pas fait, ou avait tout simplement oublié de le faire.

« La ceinture, Nigel...la ceinture. »

Elle ne chercha pas plus loin : c'était son problème, après tout. La déesse se réarrangea rapidement sa mèche et s'adressa de nouveau à la dhampire qu'elle ne connaissait pas comme tel d'ailleurs.

« Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu sois arrêtée ? Mis à part le taux d'alcoolémie... »

Elle avait fini par réussir à entrer dans le taxi après avoir eu un petit problème.

*Foutu étui à guitare y s'accroche partout.*

S'installer dans ce véhicule fut un véritable casse-tête pour la buveuse de sang, sa guitare était vraiment encombrante, mais elle finit par trouver un moyen pour que ce soit plus ou moins confortable. Normalement elle n'aimait pas trop prendre le taxi, elle avait un « don » pour tomber sur une de ses fameuses voitures jaunes qui avaient quelque chose de désagréable, soit à cause du chauffeur en lui-même, soit une odeur nauséabonde ou bien autre chose. Mais celui-ci semblait, pour le moment, faire exception à la règle.

« La ceinture hic... la ceinture... ha oui! »

Celle-là avait mis un certain temps avant que cette simple phrase fasse son parcours jusqu'à ce qu'elle parvienne à son cerveau. Elle avait complètement oublié d'attacher sa ceinture de sécurité cette bande de tissu qui peut sauver des vies. Pendant un bref moment elle avait même cru entendre sa mère, va savoir pourquoi... Peut-être parce que c'était la dernière personne à lui avoir demandé de mettre sa ceinture de sécurité de cette façon. Sur le coup cela lui faisait étrange d'avoir repensé à elle ainsi à cause d'une petite phrase, mais cette sensation disparue assez rapidement. Puis sont héroïne de la soirée lui demanda comment elle avait fait pour se retrouver cellule.

« Bah heu. »

Elle essaya de reconstituer la suite des évènements, l'alcool lui ayant fait perdre des bouts.

« Bah heu j'chantais dans un hic bar... J'avais enlevé mon chandail hic... J'pas strip-teaseuse hic j'avais juste chaud. »

Avait-elle cru bon de préciser, elle n'avait pas envie qu'on pense qu'elle gagnait sa vie en ce mettant à poil pour une poignée d'argent tout en se frottant contre un poteau. Dans les bars elle ne fait que boire et prendre un coup.

« Un gars a fait un commentaire hic... J'me souviens de s'que c'était hic... Mais je n'ai pas aimé... J'ai essayé d'être diplomate... »

En fait elle ne se souvenait plus trop de si elle avait tenté la diplomatie ou non, surtout qu'on ne la connaissait pas pour son côté diplomatique, mais plus pour son sang chaud.

« Et il y a une bagarre hic... et les boeufs sont arrivés. »

Voilà ce qui c'était passé, la routine presque pour elle qui avait déjà fracturer le poignet d'un homme trop entreprenant qui ne comprenait pas une phrase aussi simple que : « Enlève ta main de là. » Elle regarda par la fenêtre et reconnu les bâtiments.

« On y est presque hic. »

C'est là qu'elle vit son auto, l'une des seules qui restaient dans le stationnement, Chrysler New Yorker de 10e génération, voiture qui ressemble à une mini-limousine, de couleur noire. Elle reconnu les gars qui étaient autour de celle-ci. Mais qu'est-ce qu'ils faisaient à son automobile, ils n'osaient tout de même pas raillé la peinture.

« Ostie!.... Mon char. »

Le mot lui avait complètement échappé, elle se retint de ne pas donner un coup sur la fenêtre.

*J'aurais mieux fait de les frapper eux aussi. *

C'était les amis du gars qui avait été la cause de son séjour en cellule.

Nigel lui annonça la raison pour laquelle elle s'était faite prendre par la flicaille. Apparemment, c'était dû à la réaction qu'elle avait eu vis à vis d'un groupe d'hommes qui l'avaient importuné. Elle n'avait visiblement pas la langue dans sa poche. C'était loin d'être quelque chose qui la rebutait au contraire, disons qu'elles avaient des points communs. Hebe ne se laissait pas marcher sur les pieds par la gente masculine, c'était sans doute faute de s'être faite écraser pendant trop longtemps par ces derniers dans sa dimension d'origine. Arès l'avait toujours défendue à ce sujet. Et beaucoup craignaient le Dieu de la Guerre pour sa fureur sans nom. Il avait toujours été très protecteur envers elle. Pas directement d'ailleurs, c'était même plutôt subtil pour quelqu'un de ce rang.

Une fois arrivés, Hebe fit arrêter le taxi à qui elle régla la note. Elle n'était pas très salée, il n'y avait pas eu beaucoup d'embouteillages sur le chemin. Pendant ce temps, Nigel était en train de regarder par delà la vitre, puis s'exclama :

« Ostie!....Mon char. »

Elle ne fit pas attention au juron mais plutôt à la nature du message. Son char, elle en déduisit très rapidement qu'il s'agissait de sa voiture. Tout en remerciant le taxi driver, Hebe jeta un coup d'oeil par la vitre. Un groupe d'hommes rôdaient effectivement autour de l'auto de la mutante, chose qui n'annonçait rien de bon. Loin de perdre son sang froid pour autant, la blondinette sortit du taxi et ouvrit la voie à Nigel. Une fois à l'extérieur, la déesse s'avança vers le bien à roues. S'arrêta ensuite à côté, comme si elle lui appartenait. Le groupe remarqua la musicienne très vite. La tension était palpable.

« Tiens tiens, mais qui voilà ? »

« On a quelques petites choses à se dire, je crois... »

Alors qu'ils commençaient à encercler les deux femmes, Hebe posa une main sur sa hanche, haussant un sourcil.

« Je vous conseille de partir immédiatement. Ca vaudrait mieux pour vous. »

*Et pour moi. Aucune envie de me décoiffer...*

« Si vous touchez un seul de ses cheveux, vous aurez affaire à moi. »

Ainsi la Mère avait parlé.
De toute façon, ils avaient déjà griffonné sur la voiture – le terme n'était même pas suffisamment significatif – un mot vulgaire, ce qui laissait penser qu'ils n'appréciaient pas trop la jeune femme. Peu lui importait, si cette voiture lui appartenait, c'est qu'ils lui avaient porté atteinte. Ils l'avaient ciblé. Chose qui ne plut pas à Hebe, évidemment. Pourtant elle ne connaissait pas Nigel, du moins elle l'avait rencontré pour la première fois il y a de cela moins d'une heure, et elle semblait déjà la couver. On ne touchait pas à ses petits protégés, même s'ils lui étaient attribués momentanément. C'était une loi d'or. Prenez cela comme une valeur olympienne si vous le désirez, toujours est-il que la déesse avait choisi de jeter son dévolu sur la dhampire.

La musicienne frappa l'un des hommes qui l'avait menacée. Les autres resserrèrent leur cercle autour des deux femmes. Elle n'attendit pas longtemps avant de riposter. « Reculez ! », dit-elle en haussant le ton. Rien n'y fit. Elle serra les poings, puis poussa violemment l'un deux : il vola à 5m, s'encastrant dans une poubelle tant la pression opérée contre son corps était forte. Malgré cela, Hebe avait mesuré ses efforts pour ne pas tuer par mégarde ce jeune humain.

Son bras fendit l'air de nouveau pour frapper le second, qui reçut le même traitement de faveur que le premier. Les deux étaient à terre et le troisième s'était prit une droite de la part de Nigel, autant dire qu'ils avaient reçu tous les trois une bonne leçon, rapide et efficace.

« Toi, là, tu as envie de tenter ta chance ? », demanda t-elle avec calme à celui que la jeune fille avait maltraité.

Sa tête partit de droite à gauche, signifiant un « non » intimidé. Le gusse tenta de relever l'un de ses compagnons tandis que la déesse se retournait vers Maav.

« Allons-y. »

Elle s'était attendue à une réaction expéditive certes de la part d'un des hommes, mais pas de la par de celle qui l'accompagnait en cette soirée. Quoi qu'elle n'était pas idiote, elle s'était attendue à ce qu'elle ait au minimum un don puisqu'elle n'avait pas une odeur humaine. Cependant, elle ne s'était pas attendue à ce que les autres hommes se retrouvent aussi rapidement KO.

*Ne ris pas... ne ris surtout pas...*

Parfois c'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle se mordille l'intérieur de la joue pour ne pas rire, rire du fait que celui qui se tenait à côté d'elle jetait bien rapidement l'éponge. Quoi de plus normal pour un être qui au premier abord avait tout d'un lambda. Une réaction contraire aurait été du pur suicide, surtout pour son égo de « mâle ». Bien qu'elle comprenait que cela était suicidaire, c'était plus fort qu'elle, elle avait le désir de rire, rire de son adversaire qui baissait bien trop rapidement les bras selon elle, mais elle se retenait. Elle savait que ce n'était pas « bien » de rire des autres, même s'ils avaient commencé les premiers.

Elle entendit un « allons-y » venant d'Hebe, elle regardant une dernière fois les hommes, elle espérait franchement ne plus les recroiser. Elle fouilla à nouveau dans ses poches, jusqu'à toucher du bout des doigts la froideur du métal qu'elle cherchait tant, il était accompagné du fameux cliquetis significatif. Elle les donna à la déesse, si elle conduisait, il lui serait trop tentant de faire des présentations entre le pare-chocs, le caoutchouc des pneus et le trio d'abrutis, ce qui par la même occasion entacherait davantage son casier judiciaire.

« J'espère que tu n'as pas de problème avec... les chiens, j'en ai un qui laisse pas mal de... poils et je n'ai pas eu le temps de nettoyer derrière lui. »

Bon pour le reste, heureusement que ses armes étaient rangées dans le coffre, cela faisait quelque chose de moins à expliquer. De l'extérieur elle avait l'air parfaitement normale pour une chrysler new-yorker de 10e génération, mais disons qu'elle avait été fortement « pimper ». Une fois à l'intérieur de son automobile elle se dépêcha de faire quelque chose. Non elle ne cachait pas des choses illégales, bien que si on cherchait au bon endroit on pourrait peut-être en trouver. Il s'agissait d'un bouton sur le levier de vitesse, un petit gadget.

« S'pour imiter l'bruit d'un moteur ordinaire hic... elle est électrique. »

Elle avait l'essentielle, selon elle, pour ne pas se faire regarder avec un gros point d'interrogation en haut de la tête. Puis elle pensa à quelque chose, si elle voulait être reconduit chez elle, comment est-ce qu'Hebe allait pouvoir retourner chez elle? L'endroit où elle habitait n'était pas vraiment desservit par les transports en commun. Elle avait quelque chose dans le coffre à gants qui allaient pouvoir régler ces petits problèmes. Bingo il était à sa place, un répertoire des motels de New York.

« Tu pourrais m'amener là? J'crois que ce n'est pas loin. »

Elle lui montra un petit motel, le genre où on ne fait pas attention aux clients tant qu'ils payent, le genre que personnellement Nigel préférait fréquenter.

Elle sentit que Nigel s'était retenue de rire, du moins c'était ce qu'elle avait pu remarquer aux fossettes qui s'étaient creusées sous ses joues, comme une fillette l'aurait fait. Pourtant elle était loin d'être une gamine, sauf peut être aux yeux de Hebe qui avait, par son grand âge, l'habitude de rajeunir un peu tout le monde, sauf les membres de son panthéon, qui étaient naturellement plus âgés qu'elle. Du moins en théorie. Bref : elle n'avait pas fait vraiment attention au reste, pas même aux regards noirs qu'on lui avait accordé lorsque les trois nigauds s'étaient relevés de leur dure chute. Après tout, ils ne valaient rien à ses yeux, et malgré tout l'amour porté pour l'humanité, elle ne pouvait se résoudre à apprécier de pareils imbéciles.

Lorsque sa compagne de route s'arrêta devant la portière, elle lui demanda de prendre garde à l'animal à quatre pattes qui se trouvait à l'intérieur. Pas qu'il fusse dangereux, mais quelque chose lui disait qu'il n'avait rien de normal. Ca sentait le soufre à dix kilomètres à la ronde, là était bien le problème.

« Où as-tu trouvé cet animal ? », lui demanda t-elle par curiosité. Evidemment, sous cette question se déguisait une réalité toute autre, teintée d'inquiétude. Si un être pareil avec une odeur de démon traînait ici, c'est que Nigel avait fricoté avec l'un d'eux. Et ce n'était pas là pour rassurer la déesse, qui savait à quoi s'attendre si l'on se frottait de trop près à ce genre de créatures.

Hebe prit place au volant, puisque son amie du soir était alcoolisée, il ne valait mieux pas qu'elle se mette à user de la pédale de droite pour avancer. Elle s'installa à ses côtés et lui expliqua que la voiture était électrique. Etonnant pour ce genre de modèles, se dit-elle. La résistante sortit de la boîte à gant un répertoire dont elle ignora d'abord la consistance réelle, puis on lui indiqua du bout de son doigt une adresse. Celle d'un motel, là où, apparemment, Nigel voulait passer la nuit. Du moins c'était ce qu'elle avait déduit. N'avait-elle donc pas de « chez elle » à proprement parler ?

« Tu habites là-bas ? », lui demanda t-elle, un peu trop curieuse. Mais l'alcool déliait les langues paraît-il, sans doute aurait-elle une réponse à sa question.

La déesse mit le contact. Elle ne lui avoua pas ne pas avoir le permis, ce n'était pas la peine de l'inquiéter d'avantage. Et puis, elle savait parfaitement comment marchait ces trucs terriens, il suffisait de s'entraîner un peu et le tour était joué ! Tant qu'il n'y avait pas de contrôle de police d'ici là...ce serait tout de même bête de se retrouver elle aussi au commissariat. De toute façon, il suffirait de baragouiner quelque chose, placer quelques billets dans leur poche et tout irait en allant.

« Je compte sur toi pour m'aider ! »

La copilote lui indiqua alors où tourner, même si parfois c'était un peu en retard, elles parvinrent toujours à retrouver leur chemin. Une vingtaine de minutes plus tard, car la circulation n'y aidait pas, elles arrivèrent à destination. Le parking était quasiment vide, chose qui n'était pas très rassurante lorsqu'on s'invitait dans ce genre d'établissements. Bon, après tout, ce n'était pas son argent cette fois-ci...

« Nous y voilà. »

Hebe sortit de la voiture, donna la clé à Nigel et resserra son chignon en attendant qu'elle lui dise quelque chose.

« Ne t'inquiètes pas pour l'argent, je me ferais rembourser bien assez tôt. »

« Je l'ai trouvé dans une vente d'entrepôt de Monsanto. »

Avait-elle lancer à la blague pour plaisanter un petit sur ce qui pourrait être nommé comme étant les particularités de son animal de compagnie. Elle attendit d'être à l'intérieur de la voiture pour dire la vérité.

« En fait il est sorti d'un portail qu'un espèce de satyre... violeur et tueur hic..., m'enfin si s'en n'était pas un il y ressemblait,... avait fait pour fuir... Il était bébé et depuis je le traine parfois avec moi hic... Il s'appelle Arkas. »

Après elle trouva rapidement un hôtel, loin d'être un palace, dans lequel elle voulait séjourner pour la nuit.

« Niah, mais l'endroit où j'habite ne semble pas être connu des transports en commun et des taxis, donc ça va être plus simple pour toi pouvoir retourner chez toi. »

Voilà l'explication était faite. Maintenant sa mission était de donner les bonnes indications pour se rendre à bon port.

« Faut tourner là... oups trop tard... mais tu peux tournée là pour attraper la bonne rue. »

Après une bonne vingtaine de minutes de péripéties en voiture, elles avaient fini par arriver au bon endroit. Endroit qui faisait plus pensé à un motel minable où on allait pour aller rencontrer une, si ce n'était pas plusieurs, prostituée. Mais ce n'était pas le genre d'endroit qui l'inquiétait, sauf si son lit ce mettait à vibrer mystérieusement, parce que ce n'était normalement pas dans cette catégorie d'hôtel miteux qu'on trouvait des lits vibrants.

« Merci. »

Avant de sortir de l'engin à quatre roues de caoutchoucs, elle pri soin de baisser un peu sa fenêtre, ainsi que celle qui était derrière elle après avoir joué légèrement la contorsionniste, il serait dommage que la bête souffre d'un manque d'aération et puis si quelqu'un en profiterait pour essayer de voler le véhicule le pauvre allait avoir une bonne surprise.

« Tu restes tranquille, m'as revenir te chercher. »

*En espérant qu'il y ait un moyen discret de te faire entrer.*

Les clés retrouvèrent la poche qu'elles avaient quittée un peu plus tôt en soirée.

« J'tiens à te rembourser aussitôt que possible..., quoi que là j'ai pas assez d'argent sur moi..., mais m'a te remboursé. »

Dans la famille Jolie-Ruarc on ne laisse jamais une dette non rembourser bien longtemps, peu importe de quel genre de dette il s'agissait. Maintenant il fallait juste la personne au comptoir qui surveillait bien piètrement les clés puisqu'il, car il s'agissait d'un homme, était endormit avant que Nigel ne le réveille en abusant un petit peu de la cloche.

« J'pourrais avoir une chambre et tu pourrais appeler un taxi pour mon amie? »

L'homme, qui avait une drôle d'odeur, il sentait le chanvre à plein nez, acquiesça avant de s'exécuter. Nigel espérait juste que l'odeur de l'homme ne se soit pas répandue jusque dans la chambre qu'elle venait de louer, car son odeur ne lui était plaisante, chose surprenante vu ce qu'elle fume et que son chien sent le soufre sans le vouloir.

Nigel allait donc passer le restant de la nuit dans cette chambre d'hôtel miteux, dans lequel elle avait réussi à faire entré son animal en s'assurant que personne ne le verrait.

« Monsanto ? Tu m'étonnes... », siffla t-elle entre ses lèvres. « Un satyre ? Je ne savais pas que ce genre de créatures sévissaient sur Terre. Est-ce le seul spécimen que tu as vu ou étaient-ils plusieurs ? »

Un chien à trois têtes ça ne courait pas les rues. Et le faire entrer dans ce genre d'établissements c'était encore plus coton, généralement. Malgré les explications de Nigel, Hébé avait encore quelques réserves quant à l'origine de l'animal. Ca sentait le démon à plein nez, reste à savoir si elle s'était laissée corrompre ou pas. Généralement, ce genre de bestiole n'étaient jamais seuls, au contraire ils suivaient un démon qui leur était affilié. La déesse était bien placée pour le savoir, elle avait soigné beaucoup de personnes qui avaient subi des attaques démoniaques, car oui, le panthéon avait été une cible de choix...du moins il fut un temps. Celui de la Mésopotamie ancienne était tombé entre les mains de Baal alors...qu'est-ce qui pourrait les sauver eux plus que d'autres ?

Les deux femmes sortirent de la voiture. En rentrant au niveau de l'accueil, l'odeur n'était pas tout aussi respirable. Cette fois, c'était bel et bien un humain qui avait trop bu qui sentait le bouc mal défraîchi. Il s'exécuta et appela une antenne de taxis qui envoyèrent l'un de leurs employés sur place. Ca leur donnait au moins une bonne dizaine de minutes pour pouvoir faire leurs adieux. Enfin c'était là une façon de parler...

« Merci mais ne t'inquiètes pas, c'est à eux que tu dois de l'argent...ils feront le nécessaire vis à vis de moi un peu plus tard. »

Elle se racla la gorge, car elles étaient écoutées.

« A nos patrons. C'est ce que je voulais dire. » Elle se tut un instant et poursuivit. « Je dois te remercier tout de même. J'aurais pu me débrouiller, j'ai un téléphone, tu sais. Mais c'est gentil... »

Le taxi arriva enfin. Elle regarda derrière elle furtivement et replanta ses yeux dans les siens. Ne sachant pas trop comment la saluer, elle lui fit une bise sur la joue, entre femmes, elles pouvaient au moins faire ça ! Hébé n'ira pas lui dire qu'elle a passé une bonne soirée, ce serait mentir, mais espérons qu'elles se voient dans d'autres circonstances.

« A la prochaine. »

Et elle sortit du motel, disparaissant dans l'obscurité ambiante. La déesse monta dans le taxi et lui indiqua l'adresse où on devait la déposer. C'était là où elle vivait avec son mari. Un petit appartement tout ce qui a de plus coquet. Mais bien sûr, il ne serait pas là ce soir...