Il les a torturés…

Il les a tués…

Jusqu'aux derniers.

Alors il subirait les mêmes traitements. Il était destiné à être l'objet de son rituel sacrificiel. Pour son Dieu, pour le combler, lui et son réceptacle humain. Tout du moins, réceptacle qui en avait l'apparence mais plus le pouls pour le définir comme tel. Rien ne vaut une âme de pécheur entre ses lèvres. Le goût du nirvana.

Si il n'y avait pas eu tout ces buildings, toutes ces enseignes, toute cette lumière en cette nuit fraîche, on aurait sûrement pu apercevoir des étoiles. Mais non. La ville en elle-même gâchait toute possibilité d'une quelconque vie nocturne, transformant la nuit en jour artificiel. Si on levait la tête suffisamment haut, on apercevait du coin de l’œil le pâle croissant de lune caché timidement derrière quelques nuages et les géants de métal, de verre et de néons qui imposaient leur présence de façon on ne peut plus oppressante.
Ethan n'avait jamais vraiment aimé la ville. La grandeur de cette dernière était trompeuse, traitresse. Elle tendait ses griffes vers tout ces gens innocents en contrebas, n'attendant que le bon moment pour les saisir un par un et les garder prisonniers. La grandeur... Cette grandeur. L'impression n'était aucunement comparable à celle que l'on sent vibrer dans nos os devant une forêt immense, le vent hurlant fouettant notre visage, l'écho du cri d'un oiseau de proie résonnant à nos oreilles. La vraie liberté. Et non pas l'illusion.
Adossé au mur d'un vieux bâtiment en briques à l'intersection d'un ruelle, Ethan regardait le va-et-vient étourdissant des véhicules et des passants dans la rue d'un œil blasé, les mains dans  les poches de sa veste de jeans usée. Les gens étaient tellement hypnotisés par leur geôlière que courir partout comme des poules sans tête pendant la journée ne leur suffisait pas, non, il fallait qu'ils le fassent également après le coucher du soleil. La noirceur, c'était réservé aux vampires, aux démons, aux chauve-souris. Et aux loups.
Il sourit à cette idée. Si ça avait été le cas, ça aurait été beaucoup plus facile de traquer ses proies. Moins d'odeurs. Moins de lumière. Une plus grande concentration d'âmes à punir, moins d'endroit pour se cacher.

-Allez, montre-moi ton visage..., marmonna Ethan dans un soupir.
Il ne lui filerais pas entre les doigts cette fois. Il connaissait le quartier dans lequel celui-ci se tenait le plus souvent. Son nom. Il avait même quelques plumes amassées sur une des scènes de crime dont il avait été responsable. Il l'avait même déjà croisé, mais il avait disparu quelques instants après. Il ne manquais plus que quelques informations, et le rat était pris au piège. À commencer par son visage, et les détails sur ses aptitudes hors du commun des humains normaux.  
Ça ferais un deuxième nom à rayer sur la liste.

Une odeur lui titilla soudain les narines. Floue, effacée, mais présente. Le loup plissa les yeux et scruta la foule, à l'affût. L'énergie que dégageait tout ces individus paumés brouillait sa piste en le déconcentrant. Il lâcha un juron à voix basse.
Ethan se faufila entre les badauds en rabaissant son capuchon sur sa tête, espérant qu'en s’immergeant parmi eux il lui serais plus facile de repérer celui qu'il cherchais.
-Je sait que tu es là. Montre-toi..., marmonna-t-il entre ses dents.
Un individu mâle passa à côté de lui en le frôlant, et le lycanthrope s'arrêta, perturbé par ce que dégageais ce dernier. Il tendit légèrement le cou, réceptif à tout ce qu'il pouvais tirer de lui. Éberlué, l'absence d'énergie propre aux être vivants lui confirma ce qu'il escomptait, mais il voulu vérifier un dernier truc avant de se mettre en chasse. Il sortit les plumes de l'une de ses poches et les approcha de son nez, en se mettant à suivre discrètement le «mort». Les odeurs correspondait.
*Tiens donc, un métamorphe. On ne devrais pas avoir trop de difficulté à se comprendre alors.*
Un sourire carnassier s'étira sur ses lèvres et ses prunelles habituellement noisettes luisirent d'un éclat doré qu'il s'efforça de chasser en clignant des paupières.Il entra dans un bar au coin de la rue à la suite de son oiseau.
Ethan s'assit nonchalamment à quelques mètres de lui, au comptoir, et commanda un petit shooter qu'il ne toucha même pas vraiment, gardant toujours son capuchon rabattu sur son crâne. Valait mieux rester discret pour le moment.
Il continua d'observer son objectif du coin de l’œil, tendant l'oreille pour voir s'il ne pourrait pas savoir quelques trucs sans se dévoiler. Après tout, il y avait plusieurs avantages à être à demi loup.