Deux choses sont infinies : l'univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l'univers, je n'ai pas encore acquis la certitude absolue. Albert Einstein.

Have mercy on wolves

On l’avait écartée comme une vulgaire enfant trop curieuse, elle, déesse d’Asgard ! Si Sigyn avait eu le tempérament de son mari, des têtes seraient sûrement tombées ! Contenant son irritation, elle s’était contentée de lancer des regards assassins aux scientifiques qui passaient devant elle pour rejoindre le laboratoire où reposait la dépouille du Winter Soldier. Sur lui, des histoires, des murmures, et surtout des spéculations. Sigyn ne pouvait pas avoir de confirmations à ces récits, mais elle espérait sincèrement qu’il s’agissait de mensonges montés de toute pièce. Car si tout cela était vrai, alors l’homme devait avoir eu le passé le moins enviable au monde. Et pourtant, Odin savait combien d’âmes en peine Sigyn avait pu croiser ! Sans compter que l’avenir du soldat ne s’annonçait pas meilleur : le maître des lieux comptait en faire son homme de main et la déesse se demandait sincèrement quelles méthodes Victor comptait utiliser pour l’asservir.

Au sein de la demeure, on trouvait une alliance assez insolite de personnes dont les buts intimes différaient grandement : certains, comme son mari, avaient leurs propres desseins, d’autres répondaient à l’argent, et les derniers - les pires- avaient seulement besoin d’un appui pour semer le chaos. Le seul point qu’ils avaient tous en commun était sans doute leur mépris pour la race humaine. Et dans tout ce lot, il y avait Sigyn. Tous ceux qu’elle connaissait étaient des mutants dangereux et sournois mais elle n’éprouvait aucune haine à leur égard pour autant, seulement une certaine crainte qu’elle dissimulait derrière un masque d’indifférence. Après tout, ils la traitaient avec tout le respect dont ils étaient capables et, d’une certaine manière, elle leur en était reconnaissante.

Restant un instant devant les escaliers qui menaient aux sous-sols, Sigyn se demanda à quelle catégorie appartenait le Winter Soldier. Serait-il payé par Victor pour accomplir ses missions, lui aussi ? La déesse ne réalisait pas encore à quel point elle était loin du compte. Prenant son mal en patience, elle tourna les talons et retourna dans le grand salon pour terminer l’amas de journaux qu’elle y avait laissé. Elle avait encore de l’actualité à rattraper !

La blonde y consacra une bonne heure et elle aurait sans doute pu tout terminer si seulement elle avait vraiment eu la tête dans sa lecture ! Mais ses pensées étaient occupées par le nouvel arrivant. Comment allait-il, après tout ce qui lui était arrivé ? Elle ne le connaissait pas et pourtant, elle s’était déjà prise de pitié pour lui. C’était plus fort que Sigyn. De toute façon, il fallait bien qu’elle porte en elle suffisamment de compassion pour compenser l’insensibilité de tous les autres ! Remettant un peu d’ordre dans les papiers, elle fit de jolies piles sur la table basse avant de quitter rapidement les lieux. L’éclat de voix d’hommes se congratulant entre eux attira la déesse qui se dirigea vers le hall principal. Les personnes qui avaient été présentes pour le réveil du soldat s’y trouvaient et Sigyn s’approcha en scrutant chaque visage d’un regard circonspect.

« Il n’est pas avec vous ? » constata t-elle alors, élevant légèrement la voix pour être entendue.

Les conversations près d’elle s’interrompirent.

« Qui donc ? »

« Eh bien, le soldat ! », siffla t-elle, dédaigneuse.  N’était-ce pas une évidence ?

Croyant à une plaisanterie de sa part, l’homme en face d’elle laissa échapper un léger rire qu’il ravala aussitôt en voyant le regard meurtrier de la déesse. Si on ne lui disait rien, il était clair qu’elle ne pouvait pas savoir ce qui se tramait !

« Mais enfin… il est dans une cellule, au donjon », lui expliqua t-on enfin.

Sigyn haussa les sourcils de surprise. Une cellule ? C’était donc comme ça que le soldat allait servir le baron, comme un esclave ? On l’extirpait d’une prison pour le mettre dans une autre. C’était révoltant. Et que pouvait bien faire la déesse contre ce genre d’injustice ? Rien. Pinçant les lèvres de dégout, elle leur adressa un regard noir avant de faire volte-face et s’en aller.

« Je vais le voir. »

« On vous le déconseille. Il est dangereux ! » lança l’un des hommes avec un lourd accent.

« Comme c’est surprenant ! » ironisa la blonde, sans daigner se retourner.

Personne n’eut l’audace de l’arrêter.

Si sa démarche avait été assurée en descendant les escaliers, elle ralentit progressivement l’allure en s’avançant dans les cachots. Quel endroit sinistre… C’était la première fois que Sigyn y mettait les pieds. Elle parcourut le couloir prudemment avant de s’arrêter à la hauteur d’une silhouette au sol derrière les grilles d’une cellule. L’homme assis faisait tournoyer habilement une dague dans sa main. Se tenir debout aussi près donnait à Sigyn la désagréable impression de le regarder de haut, c’est pourquoi elle préféra reculer de deux pas, ce qui lui permit également de mieux l’observer. Le visage de l’homme était inexpressif et la déesse fut saisie par le vide qui se reflétait dans ses yeux. On aurait dit un visage sans âme.

Pauvre homme…

« La moitié des personnes vivant ici mérite bien plus cette place que vous », admit-elle avec vague sourire désabusé.

Elle disait cela parce qu’elle ne connaissait pas l’autre moitié… !

Je me demande si ce n’est pas aussi mon cas d’ailleurs.

Après tout, l’humble déesse Sigyn n’était-elle pas de l’autre côté des barreaux à ne rien faire à part l'observer comme s'il s'agissait d'une bête de foire ? Ce n’était pourtant pas difficile de le faire sortir de là. La force de son bras était d’ailleurs peut-être suffisante pour arracher les grilles. Mais elle ne faisait rien, ce qui revenait à cautionner tout ça ! Pourtant, Sigyn n’avait pas d’autre choix. Toute action contre l’Alliance pouvait avoir résonance sur son mari, et elle manquait de courage. La blonde se demandait bien ce que le soldat avait en tête en cet instant. Était-il triste, en colère peut-être ? Impossible à savoir, l’ombre du néant était empreinte dans son regard.

« Je m’appelle Sigyn », se présenta t-elle alors, « pourquoi n’a t-on pas daigné vous offrir une chambre, soldat ? »

On ne pouvait décemment pas l’avoir mis ici uniquement parce qu’il était dangereux… tout le monde l’était, au château. Soit on craignait qu’il s’échappe, soit on voulait l’habituer à ce genre de traitement pour mieux le soumettre. La réponse en elle-même importait peu, Sigyn était plutôt curieuse de savoir si l’homme la connaissait.

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L’homme se releva souplement et l’œil vif de Sigyn suivit la course rapide du couteau jusqu’au sol. Le geste semblait colérique mais n’était pas pour autant hostile : il aurait très bien pu le lancer dans sa direction. Elle ramena ensuite son attention au visage du soldat qui s’approcha pour agripper les barreaux. Quelque chose de bestial émanait de sa personne mais paradoxalement, Sigyn le trouvait bien plus humain tout à coup. Ce qui aurait pu être interprété comme une étincelle de rage dans le regard de l’homme apparut aux yeux de la déesse comme une étincelle de vie. Elle constatait avec soulagement qu’il n’était pas habité par le néant. Peut-être essayait-on de le soumettre, mais le naturel finissait toujours par ressortir de lui-même, autant que l’aspiration à la liberté. Le Winter Soldier aussi éprouvait des émotions. Alors qu’elle devait lever les yeux pour pouvoir soutenir son regard, Sigyn réalisait qu’elle paraissait plutôt petite et frêle face au soldat. Elle  se demanda d’ailleurs s’il n’était pas lui aussi suffisamment fort pour détruire sa prison.

« Je ne suis pas un soldat, je suis un assassin. »

Il disait cela comme si les deux choses étaient incompatibles. Ne portait-il pas le blason du Winter soldier après tout ? Malgré ses paroles sinistres, Sigyn fut agréablement surprise de l’intonation de sa voix. Celle-ci était calme et mesurée. La blonde s’était attendue à ce qu’il se montre détestable, et elle ne lui en aurait même pas voulu pour cela. Pour quelqu’un que l’on mettait misérablement en cage, on aurait même pu dire qu’il était aimable. La jeune femme s’approcha davantage de lui pour montrer qu’elle n’était ni intimidée, ni impressionnée. Son intuition lui disait que l’homme n’était pas aussi mauvais qu’on était porté à le croire et même si ce fut le cas, ce n’était pas elle qui allait le craindre !

« Je veux voir le soleil. »

Cette simple requête était effroyablement douloureuse à entendre. Avait-elle déjà eu envie de voir le soleil, elle ? Non, la blonde s’en moquait car c’était un acquis. La liberté en était un aussi. On la disait enchainée à Loki, mais peut-on vraiment se considérer prisonnier lorsque nous portons nous-même nos chaines ? Sigyn l’avait choisi, elle aurait pu rester à Asgard, mais sa vie n’avait de sens que s’il en faisait partie.

Une idée germa dans son esprit en voyant les doigts de l’homme se resserrer autour des barreaux.  Le coin de sa bouche se releva alors en un sourire vaguement amusé.

« Ah, vraiment ? En vous voyant assis à ne rien faire, j’aurais pourtant juré que vous vous satisfaisiez de l’obscurité.»

Petite provocation destinée à le bousculer un peu. Son empathie lui donnait envie que l’homme puisse voir le soleil mais pour sa conscience, elle ne pouvait se permettre de l’aider à sortir. De toute façon, à quoi bon s’il pouvait s’en charger lui-même ? Vu tout ce qui se disait sur lui, il devait bien être capable de ça ! Sigyn voulait qu’il le fasse. Ce serait également une occasion pour elle de mesurer un peu la force de l’homme. Elle envisagea toutefois la possibilité qu’elle ne soit pas suffisante pour le sortir de cette cage, auquel cas… elle n’aurait d’autre choix que d’intervenir. Mais la blonde espérait sincèrement ne pas avoir à en arriver là.

Elle leva le menton puis tourna la tête des deux côtés en faisant mine d’évaluer l’épaisseur des barreaux les séparant.

« Vous vivez dans un monde où vouloir quelque chose ne suffit pas », elle ramena son regard vers lui, un sourcil haussé. « Mais vous n’avez pas besoin de moi pour le savoir, non ? Réveillez-vous donc, et peut-être pourrons-nous ensuite aller admirer le soleil ensemble. »

Sur ce, elle recula un peu comme pour l’inviter à sortir. Défi ou encouragement, l’homme pouvait l’interpréter comme il le voulait. Sigyn espérait juste qu’il se donne les moyens d’obtenir ce qu’il souhaitait. Hésiterait-il ? Elle avait gardé dans un coin de sa mémoire que le hall au-dessus n’était pas désert. Il y avait également de fortes chances que, par manque de confiance, quelqu’un ait décidé de se poster à l’entrée du donjon, craignant que la déesse ne fasse des siennes. Bien que Sigyn n’eut strictement rien à se reprocher, si l’homme venait à sortir, elle devrait limiter les casses pour tout le monde. Elle s’estimait largement en mesure de maîtriser la situation, espérons juste pour elle qu’elle avait raison.

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« Illusion ! » riposta t-il à ses paroles.

Il ne pouvait s’imaginer combien il avait tort, mais Sigyn ne put même pas argumenter : le visage de l’homme se tordit de douleur et il eut un mouvement de recul en portant les mains à sa tête, comme pris instantanément d’une vive migraine.

Inquiète, Sigyn se pencha et passa automatiquement les bras au travers des barreaux, tendant les mains vers l’homme comme dans une volonté de le soutenir au cas où il tomberait, mais il était hors de sa portée. Entendant des bruits de pas, elle laissa retomber ses mains le long de son corps en se redressant lentement pour adresser un regard méprisant à l’intrus qui tenait fièrement un appareil métallique. La déesse plissa les yeux à la vue de l’objet, perplexe. Était-ce donc une si petite chose qui pouvait provoquer une si grande douleur ? La main qui le tenait était bien la seule valide du scientifique. Ce dernier était celui qui l’avait congédié à l’entrée du laboratoire, et si ses souvenirs étaient exacts, à ce moment là, il était encore indemne. Le plâtre était tout frais, et Sigyn l’interpréta très justement comme un cadeau post-réveil du Winter Soldier. Il ne l’avait pas volé ! La blonde avait bien envie de casser l’autre bras de ce malotru pour oser intervenir de la sorte! N’en avait-il pas eu assez pour son compte ?

« Bien, le voilà plus calme. »

Oh, donc ils étaient observés. Ce n'était pas tant surprenant. En fait, les humains avait cette manie étrange de vouloir avoir des yeux partout, comme s'ils essayaient d'égaler la clairvoyance des plus grands dieux. Si on lui demandait par quels moyens, Sigyn aurait tendance à parler de sorcellerie. C'est qu'elle ignorait encore beaucoup de choses sur la technologie.

« Toi… »

« Arrêtez ça tout de suite », siffla t-elle en fusillant le scientifique du regard.

Pour ne pas changer, il l’ignora royalement et s’avança vers la prison du soldat.

Je serais toi, je ne ferais pas ça, l’humain, songea t-elle avec méfiance.

« Moi ? Montre-moi un peu plus de respect, Winter Soldier. Souviens-toi de la mission que l'on t'a confiée, le reste n'a pas d'importan... »

Les mots moururent dans sa gorge tandis qu’un bras puissant avait saisi le scientifique directement par le cou. La déesse hoqueta de surprise et resta figée de stupeur face au soldat qui avait fait fi de la douleur pour broyer l’œsophage de l’homme, qu’elle regarda ensuite s’effondrer à côté d’elle sans même bouger. Sigyn aurait pu empêcher cela, et elle n’avait même pas réagi. C’était comme si elle avait songé que l’homme méritait de mourir. Mais qui était-elle donc pour oser juger d’une telle chose ? Seul un roi en avait le droit. Elle se consola à l’idée que ce n’était pas ses affaires et que le soldat méritait bien de prendre sa revanche.

Sigyn baissa la tête, chassant ses pensées coupables, et ses yeux s’arrêtèrent sur la boite métallique que le scientifique avait laissé tomber. D’une façon ou d’une autre, elle était connectée à quelque chose logée dans la tête du soldat. Était-ce donc ça la méthode pour le soumettre ? C’était peut-être un peu trop facile, la réponse ne résidait sans doute pas uniquement là. Lentement, Sigyn se baissa pour la ramasser, imitant le mouvement du Winter Soldier qui venait de saisir sa dague. Il revint ensuite sur ses pas et défit un barreau avec une aisance époustouflante avant d’écarter les autres. Son bras à l’alliage métallique devait bien être le résultat de la folie scientifique et lui prodiguait une force surhumaine. Mais quand bien même … quelle cage éphémère ! La déesse s’était attendue à un peu mieux que cela. À Asgard, la paroi d’une prison ne pouvait même pas être effleurée. Arrivé à sa hauteur, l’homme planta son regard dans celui réservé et prudent de Sigyn. Elle le soutint un instant, nullement intimidée, puis baissa la tête pour observer à nouveau la commande qu’elle avait ramassé. Y en avait-il d’autres ? Plutôt que de directement la détruire, ce qu’elle ne pouvait se permettre de faire, la déesse la lui tendit pour qu’il s’en charge lui-même. Elle n’avait pas grand chose à se reprocher et préférait que cela demeure ainsi. Le responsable de l’incident n’était autre que le scientifique accompagné de sa niaiserie.

« J’ignorais qu’une telle stupidité était possible », commenta t-elle alors avec dépit, lançant un dernier regard à l’homme gisant au sol avant de relever la tête vers le soldat, « …ma proposition tient toujours, mais si vous pouviez éviter de tuer tout le monde, cela m’arrangerait. »

L’autre preuve indiquant l’absence de réelle malveillance du soldat était que, parmi toutes les occasions qu’il avait eu de lui faire du mal jusqu’à présent, il n’en avait saisi aucune. Malgré son regard noir et ses manières sauvages, il y avait quelque chose chez lui qui le différenciait de tous les résidents du château. Sans doute ce qu'on appelait l'humanité. Une humanité qu'on avait tenté d'éradiquer dans sa totalité mais dont il restait malgré tout les vestiges. C'était peut-être pour cela qu'il n'avait rien tenté contre elle quand elle avait été à sa portée. Ou se doutait-il qu’elle avait de bonnes raisons de ne pas le craindre ? C’était une possibilité. La déesse passa alors devant lui pour marcher vers la sortie des cachots.

« Je ne vous laisserai pas faire de toute façon », prévint-elle en regardant droit devant elle.

Quelque chose lui disait qu’on allait les cueillir dans les escaliers où à l’étage du dessus. Elle avait mis un pied dans le pétrin en décidant d’accompagner le Winter Soldier, mais son esprit avisé envisageait déjà plusieurs solutions à ses problèmes. Il fallait également limiter les casses. En rencontrant quelconque opposition, Sigyn devrait user de champs magnétiques pour pouvoir protéger tout le monde, y compris le soldat. Cela s’annonçait plutôt ardu, mais pas impossible pour autant.

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« J'ai tué cet homme, mais il n'est pas ma mission. Et même si ceux qui se trouvent là-bas le mériteraient autant que lui, je ne les tuerais pas. »

« Sa » mission ? Il y avait donc bien une seule personne en particulière que le Winter Soldier était censé tuer ? Venant du maître des lieux, cela en était surprenant.  Quand Sigyn essaya de deviner qui était le malheureux élu, elle élimina à tort les résistants et le gouvernement, puisque selon elle, ils étaient bien trop occupés à se manger entre eux pour constituer une menace à l’Alliance à qui la guerre civile profitait plutôt bien. Elle songea plutôt que c’était quelqu’un qui en voulait personnellement à Von Doom. Oh, il y avait bien les quatre fantastiques, mais comme l’indiquait si bien leurs noms … ils étaient quatre ! Ou peut-être que sa mission était de s'en prendre à un groupement de personnes, à voir. Ce n’était pas le soldat qui donnerait la réponse.

Sigyn prit compte de ses paroles mais décida de ne pas leur accorder une entière confiance, même si la sincérité de l’homme lui apparaissait comme évidente.

Bien qu’elle fut rassurée, elle trouva quand même à y redire.

« Ce n’est pas à vous de juger qui mérite de vivre ou de mourir. »

Elle-même, en tant que déesse d’Asgard, ne se le permettait pas. Bien sûr, les humains étaient parfois si bornés qu’il ne suffisait pas de paroles véridiques pour les faire changer d’avis.

Elle marcha à sa suite, même si avec du recul elle se rendit compte que ce n’était pas nécessairement une bonne idée. Si un coup de feu partait, elle serait en mauvaise posture pour l’arrêter. Elle accéléra l’allure et le rejoignit sur le palier, constatant par elle-même l’accueil chaleureux qui leur était réservé.

« Calmez-vous, on va juste prendre l’air. »

Il ne s’agissait pas d’une demande ingénue, mais bien d’un ordre. Un ordre qui devait leur sembler absurde, d’ailleurs, mais cela n’avait aucune importance! La déesse ne laissa d’ailleurs le choix à personne. La tension dans l’air était presque palpable et elle usa de son pouvoir pour la faire redescendre d’un cran. La main légèrement levée, elle balaya chacun des hommes du regard pour faire évacuer tout sentiment d’agressivité, laissant place à un apaisement et une tranquillité factices. Ce n’était sans doute pas cela qui allait les arrêter c’est pourquoi elle créa un vaste champ magnétique imperméable englobant le soldat et elle-même.

« La voie est libre. » souffla t-elle au Winter Soldier.

Ce n’était pas tout à fait vrai étant donné que des hommes se situaient encore devant eux, mais la déesse savait ce qu’elle faisait. Avançant prudemment, elle agrandit un peu le bouclier de sorte à repousser les assaillant trop près, laissant autour d’eux une zone sécurisée d’un rayon de plusieurs mètres. Il y eut quelques protestations mais celles-ci furent bien moins virulentes qu’elles n’auraient dû l’être : le pouvoir de Sigyn avait étouffé leur volonté de se battre. Elle surveillait le fugitif du coin de l’œil, prête à contrer la moindre attaque de sa part, mais il semblait qu’il avait l’intention de tenir parole.

« Inutile de vous inquiéter, je le surveille ! », annonça t-elle à l’assemblée.

Non mais… quelle vaste plaisanterie ! Sigyn se surprit elle-même. Elle ne savait pas si elle devait rire de sa situation ou s’en exaspérer. Le surveiller, franchement ! Elle en faisait de bonnes, parfois ! Soupirant un grand coup pour essayer de garder son sérieux, elle posa prudemment la main sur le dos du Soldat pour l’inciter à presser davantage le pas.

« Allez on se dépêche, avant que je ne finisse reconvertie en déesse de la comédie. »

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