Comme tous les samedi soirs, il venait faire un tour dans ce bar. Pas que l'ambiance lui plaisait, ce serait là une piètre excuse de la part de l'avatar du dieu de la mort, bien au contraire : il appréhendait chaque gestes de la part d'autrui, surtout venant des clients de cet établissement. La plupart finissaient ivres morts et se roulaient sur les tables, si ce n'était pas plus. Alors qu'est-ce qui motivait réellement Victor ? Disons-le simplement, il appréciait la compagnie d'une certaine demoiselle, car elle tentait tant bien que mal de le comprendre. C'est pour cette raison qu'il tombait dans la routine et revenait chaque week-end, après avoir travaillé à la station service. Ce n'était pas le genre de musique qui l'intéressait à entendre, il préférait largement du Saint-Saëns à ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui du Punk Rock. Il n'y trouvait, à vrai dire, pas vraiment son compte. Trop peu de mélodie pour lui. La beauté de la musique était différente à ses tympans.

Il était en train de siroter un diabolo fraise, qui ressemblait étrangement à la couleur du sang qu'il avait généralement sur la bouche après avoir déjeuner. A la fin du concert, Nigel vint le voir, toute penaude. Elle aussi semblait l'apprécier, du moins c'était ce qu'il en avait déduit après plusieurs fois à s'être parlés. Ce n'était pas le genre de personne à s'encombrer d'un mort-vivant inutilement. Si elle l'avait détesté ne serait-ce qu'un peu, la jeune femme l'aurait fait savoir. Oui, il avait cru comprendre que le mot franchise était monnaie courante dans sa façon d'être. Cela tombait bien, lui aussi, même si c'était d'une manière plus subtile.

Elle arriva vers lui, puis s'assit sur le comptoir sans autre forme de procès. Ses f ormes étaient nettement mises en valeur, d'autant qu'elle n'avait plus de vêtement sur les épaules, sauf peut-être ses sous vêtements. Il ne la dépiauta pas des yeux, préférant la contemplation de son verre à moitié plein.

« Bonsoir. Je vais bien...et toi ? », lui rétorqua t-il.

Les manières du tatoué ressemblaient fort à celles que l'on avait il y a un siècle de cela. Un peu vieux jeu donc, lorsqu'il s'agissait de courtiser les femmes. Mais à dire vrai, il n'avait jamais eu l'idée d'en faire autant avec la jeune femme qui était devant lui. Celle-ci lui proposa son whisky. Ne sachant pas trop ce qu'il devait répondre, il lui tendit son verre à moitié plein et l'invita à verser le breuvage alcoolisé dans son diabolo.

« Oui, pourquoi pas. »

Ceci fait, il porta la coupe à ses lèvres. Bizarrement, à ses yeux, ceci avait le même goût que le diabolo sans alcool. Ses sensations étant partiellement inhibées par son pouvoir, il avait du mal à percevoir tout en ce qui concernait la boisson, la nourriture...

Elle le dévorait du regard. Il prit peur et lui annonça de but en blanc :

« Tu m'as manqué. »

Lui-même n'était pas certain de ce qu'il venait de dire...mais il l'avait fait.

« Moi ça va super bien. »

Elle préférait ne pas parler de ce qui était arrivé avec son amie Namira, même si elle n'était pas morte heureusement. Mais en ce moment elle avait envie de s'amuser et quoi de mieux que de le faire en bonne compagnie. Lorsqu'il accepta son offre, elle ne mit pas de temps à lui remplir son verre, qui était déjà à moitié vide, de son précieux whisky, avant d'en prendre une autre gorgée. Puis elle crut remarquer un petit quelque chose dans ses yeux... de la peur, mais pas le genre peur bleue qui te donne une crise cardiaque sur le coup, mais une peur tout de même. Elle ne savait pas trop comment elle l'avait regardé, il y avait quelques rares moments où sa face oubliait de converser avec son cerveau avant d'agir. Il était de ses êtres qui n'avaient pas été habitué aux contacts humains que ce soit physique ou bien émotionnel, comme les nombreux animaux errants qu'on trouve en ville qui se font constamment frapper. Puis tout à coup il y a quelqu'un qui veut être gentil avec l'animal, même si c'est un enfant de 5 ans qui est la douceur à l'état pur il part à toute vitesse se trouver une cachette par peur d'un danger imaginaire. Voilà comment elle le voyait, elle allait tâcher de faire plus attention, car lui faire peur par mégarde était loin d'être son objectif. Heureusement elle ne l'avait jamais vu partir en courant pour se réfugier derrière une poubelle, contrairement au chat errant qu'elle avait croisé avant d'entrer ici. Puis il lui dit qu'elle lui avait manqué, selon ses souvenirs s'étaient la première fois qu'il lui disait quelque chose du genre. Elle en était flattée.

« Ah ouais,... toi aussi tu m'as manqué, il faudrait que je fasse gazé ma harley plus souvent. »

Repensant à ce qu'elle venait de dire, elle espérait ne pas lui avoir fait peur.

*Bouche, je te donne même conseil qu'à ma face, converse avec mon cerveau avant de parler. *

Tout en s'assoyant sur le tabouret voici à son ami zombi, car le comptoir était moins confortable qu'on peut le penser, elle leva le doigt, comme si une idée venait de germer dans sa tête.

« Ça te dirait de jouer à un jeu... T'inquiète, pas le genre où on lance des défis du comme frencher le premier inconnu qu'on voit, à moins que ce soit le genre de jeu qui t'intéresse. »

Comme mentionner un peu plus haut, elle savait qu'il n'était pas habitué aux contacts humains, donc elle préférait ne pas tirer le diable par la queue.

« J'pensais plus à un jeu pas mal basique, comme le jeu du 10 centimes. Ça se joue avec une pièce de monnaie, quatre verres et avec ou sans cendrier. Il faut juste lancer la pièce dans un des verres, si on l'a le voisin le boit, si elle tombe dans le cendrier il en boit deux et si elle tombe entre les quatre verres l'adversaire doit tous les boire... Normalement ça finit quand on ne trouve plus la pièce, mais dans ma version c'est quand un des joueurs abdiques ou bien est vraiment trop saoul au point de ne plus tenir debout ou encore quand il vomit. »

Elle posa ses yeux dans les siens pendant un bref instant, vraiment un bref instant.

« Ça te dis? C'est amusant comme jeu. »

Elle avait cru bon de spécifier le dernier détail, même si cela allait de soit, puisqu'un jeu est fait pour divertir à la base.

« Et puis c'est moi qui va payer l'alcool. »

Loin d'être complètement dans le vif de la conversation, Victor ne comprit pas le rapport réel entre sa Harley Davidson et le fait qu'ils se manquent l'un et l'autre. Il ne dit rien à ce moment-là et la laissa parler. Sirotant de temps à autre sa boisson, il l'écouta déblatérer. Nigel lui proposa de jouer à un jeu, un jeu particulier semble t-il, et pas le genre de jeu auquel il jouait d'habitude. Le traditionnel jeu de cartes était bien vite oublié, il s'agissait en réalité d'un jeu d'alcool qu'elle n'avait sans doute pas inventé de toute pièce. Comprenant le sens des choses, il ne voulut cependant pas la mettre dans une situation déloyale. Après tout, il ne ressentait pas les effets de l'alcool, ce qui allait l'amener à jouer jusqu'à pas d'heure et en plus, devoir supporter la vision de son amie dhampire saoule. Il ne voulait pas qu'elle devienne un débris, comme ces hommes qu'il avait vu de nombreuses fois boire jusqu'à en vomir leurs tripes.

Alors il hocha négativement la tête, c'était fait avec douceur, comme s'il ne voulait pas la froisser. D'un regard un peu triste, il se chargea de lui susurrer à l'oreille ses quatre vérités.

« Mais...je risque de gagner tout le temps. L'alcool ne me fait strictement rien. Et toi...tu vas être malade. »

Il ravala discrètement sa salive, se réinstallant correctement sur sa chaise. Non il n'avait certainement pas envie de la voir dans tous ses états. De bon cœur, il termina son verre et le posa fermement sur la table. Le tatoué sourit un peu, puis, ne voulant pas non plus être catégorique, lui proposa :

« On peut jouer à action ou vérité si tu veux. C'est plus équitable, non ? »

Oui, ça l'était en tous cas à ses yeux. L'homme garda le silence un instant et poursuivit.

« Et si tu mens, tu bois un verre. Ca te va ? »

Victor fut un peu surprit par la réponse de Nigel, mais celle-ci accepta son idée, et c'était le meilleur qui puisse arriver pour le moment. Il ne voulait pas qu'elle soit désavantagée par rapport à lui. C'était une réaction honnête, pour un jeu qui le serait tout autant, semble t-il. Ils commencèrent alors à jouer, c'était moins intéressant qu'un poker, mais tout de même bien amusant pour cette soirée qui s'annonçait plus morose que jamais. L'homme ne se mouilla pas et encaissa les questions, prenant soin de ne pas parler trop fort lorsqu'il répondait, car il ne voulait pas que cela se sache en dehors de la dhampire. A juste titre d'ailleurs, après tout il était un membre du gang de Hood, ce n'était pas le moment de faire tomber sa couverture de « criminel », car il était désormais considéré comme tel – mais le concernant, c'était tout un paradoxe.

Alors qu'il allait énoncer la question à sa compagne, celle-ci profita de leur proximité pour l'embrasser. Son cœur aurait dû faire un bond dans sa poitrine, mais malheureusement celui-ci ne battant plus, il n'eut qu'une sensation étrange, un sentiment sans réactions corporelles. Il n'avait jamais ressenti cela depuis des lustres, depuis que son ange fantomatique s'était perdu dans le néant, l'autre monde. Pendant un instant il revit la chevelure d'or de sa bien aimée, mais les traits n'étaient définitivement pas les mêmes. Il chassa bien vite ce douloureux souvenir de son esprit et contempla, béat, les traits de celle qui se trouvait alors en face de lui. Il ne l'avait jamais trouvée aussi belle qu'à cet instant. Ce n'était pourtant pas son genre de femme...moins doucereuse, mais au contraire plus brute, sauvage.

Il n'entendit pas les premières paroles, ne discernant que le mot « peur ». Il hocha négativement la tête, ne parvenant pas à dire quoi que ce soit d'autre – après tout, il n'avait pas comprit le reste, qui lui était littéralement passé au dessus sous l'émotion.

« Je...euh... », balbutia t-il. « La question, attends un instant...je réfléchis. »

C'était en réalité une excuse pour pouvoir se remettre un peu d'aplomb suite à ce qui l'avait bousculé juste avant. Victor finit tout de même par lui sortir cette fameuse question.

« Combien...enfin...combien d'amants as-tu eu au cours de ta vie ? »

Une question idiote, se dit-il intérieurement. Mais elle avait choisit vérité et même si ce n'était pas la chose la plus importante à savoir, il n'avait pas pu s'empêcher de lui demander ceci. C'était plutôt dans le contexte, on va dire...

Cela lui était étrange de se sentir mal maintenant, ce n'était pourtant pas la première fois qu'elle embrassait un homme, elle en avait embrassée quelques-uns mêmes, non pas que ce soit un geste banal pour elle, loin de là. Sauf que la plupart du temps elle n'avait pas peur que ce ne soit pas réciproque, à noter qu'elle aussi avait envie le désir de récidiver. Mais il fallait qu'elle s'en empêche. À la vue de sa réaction, il ne c'était pas attendu à cela.

*C'est bon ou mauvais signe? J'espère que ce n'est pas mauvais signe... Au moins il n'est pas parti c'est une bonne chose.*

Pour le moment elle n'arrivait pas à le regarder dans les yeux. Surprenant puisqu'elle n'aurait pas peur d'affronter un cerbère de la taille de lui d'Harry Potter avec une simple machette. Pour ce qui était du coeur c'était autre chose. Les sentiments sont quelques choses de bien étranges...Vint finalement la question, sur le coup elle ne savait pas trop quoi répondre immédiatement ou bien tout de suite se servir un verre.

« Cela dépend de ce que t'entends par amant. »

Elle ne voulait pas risquer de paraitre pour une véritablement Marie couche toi là.

« Il y en a seulement un seul que j'ai aimé. »

Elle insista sur le mot « ai », aujourd'hui la personne en question ne voulait plus rien dire pour elle, il se ferait happer par une voiture que cela ne lui ferait pas un pli.

« Sinon juste des one night. »

*Est-ce que je dois être franche à ce point? Tant qu'à avoir commencé à répondre aussi bien la finir.*

« Des flirts que je ne connaissais pas et que je n'ai pas revue après. Je dirais 15. »

Elle se pris un verre qu'elle avala cul sec.

« Juste au cas ou que j'ai menti sans le savoir en en oubliant un ou deux. »

Elle avait cette étrange impression que s'être enlisé sans le vouloir. Même si quinze en cinq ans cela donne trois par année, ce qui n'était pas beaucoup selon elle, surtout avec l'attitude dépravée qu'elle pouvait avoir. Elle finit par réussir à le regarder à nouveau dans les yeux, faut croire que la « honte », qui n'avait pas lieu d'être c'était quelque peu dissipée.

« Et toi?... Hum j'veux dire action ou bien vérité? »

La question avait été plus forte qu'elle, au s'il choisissait la vérité il allait déjà connaitre la question. Va savoir pourquoi, elle était curieuse de savoir s'il en a avait eu et aussi combien il y en avait eu.

« M'enfin si tu prends la vérité t'es pas obligé de répondre à cette question là, j'peux en trouver une autre. »

Se disant que cela pourrait peut-être être gênant, elle avait préféré lui laisser une autre option.

« Ca dépend ce que t'entends par amant. »

Il est vrai qu'il avait mal formulé la question, elle laissait supposer plusieurs « relations » qui pouvaient être certainement différente de par leur profondeur sentimentale. Victor était pourtant persuadé qu'elle ne pouvait coucher avec quelqu'un sans sentiment...d'ailleurs, lui-même ne le ferait jamais, car il savait que cela enfreindrait l'une de ses plus grandes valeurs : la sincérité. Tricher avec les sentiments, louer des principes contradictoires, ce n'était pas son genre. L'homme espérait réellement qu'elle n'ait pas commit ce genre de péché, mais après tout, il était mal placé pour pouvoir juger quelqu'un sur de prétendus actes pécheurs. Lorsque la vérité tomba, il fronça légèrement les sourcils, l'air de réfléchir. Alors comme ça, une quinzaine étaient passés dans son lit ? Cela en faisait beaucoup, se dit-il. Beaucoup trop. Ainsi espérait-il qu'il ne soit pas le seizième, ou le dix-septième, ceci lui ferait énormément souffrir.

L'avatar du dieu ancien prit sur lui et tenta de sourire. Il réussit. Ses yeux, eux, allaient et venaient entre ceux de son interlocutrice et son verre qu'il n'arrêtait pas de remplir du whisky qu'elle avait commandé en début de soirée. Elle lui demanda action ou vérité, il lui rétorqua automatiquement :

« Vérité. »

Il attendait la question mais celle-ci ne vint pas, aussi se dit-il que c'était un retour d'ascenseur, et elle espérait qu'il réponde lui aussi à cette dernière. L'allemand lui fit signe de la main que ce n'était pas grave, et qu'il allait le faire. Un silence étrange s'installa entre les deux, même si le brouhaha environnant était important, ils ne purent s'empêcher de le ressentir sensiblement. Néanmoins il osa le briser, tout comme ces souvenirs douloureux qui remontaient à la surface. Avoir aimé un spectre pendant des années durant, c'était croire à un idylle impossible. L'effleurer, la serrer dans ses bras ? Impossible. La nervosité transparut dans les gestes de Victor, qui se massait la tempe du bout de ses doigts squelettiques.

« Disons que...j'en ai aimé qu'une. Et je n'ai jamais eu d'aventure en dehors de ça. »

La honte l'emprisonna, même si elle ignorait qu'il s'agissait d'un fantôme. Même au sein de l'HYDRA, il n'avait jamais côtoyé de femme de très près. Après tout, il faisait peur à beaucoup de monde, ce n'était pas étonnant de le voir seul et fui par la gent féminine – comme masculine d'ailleurs.

Ne voulant pas s'éterniser sur le sujet, il lui demanda :

« Action ou vérité ? »

Mais à ce moment là, une main d'homme se posa sur son épaule. Il ne put s'empêcher de sursauter à ce contact chaud et moite ; et se retourna de trois quart vers la dite personne.

« Alors les tourtereaux, on s'amuse ? Dis-moi mon p'tit, elle est plutôt bonne ta donzelle, tu me la prêtes un peu ? »

Trois autres s'amenèrent avec lui, formant un cortège d'idiots qui zieutaient sans pudeur les formes de Nigel.

« Cette femme n'appartient à personne. », cracha t-il à son attention. « Partez. »

Malheureusement, ils ne l'entendirent pas de cette oreille...

*Pourquoi est-ce qu'il fronce les sourcils? Je n'aime pas ça, j'aurais peut-être dû dire que c'était sur cinq ans... peut-être qu'il pense que c'est sur un an. Ou encore j'aurais dû dire qu'avant, je n'avais jamais le temps de m'attacher à quelqu'un avant de partir dans un autre pays, donc je préférais les histoires sans lendemains. Il aurait peut-être mieux fallu que je mente... Arrête de penser aux « peut-être » c'est trop tard, alors assume ce que t'as dit.*

Attendant la réponse à la question, il y eut un silence. Un silence qui n'est pas des plus agréables, mais qui avait pourtant sa nécessité parfois. Le silence fut finalement rompu. Ainsi il avait aimé une seule femme dans sa vie et n'avait jamais eu d'aventure en dehors de celle-ci. Elle se sentait d'autant plus mal, maintenant qu'elle crut comprendre le froncement de sourcil de tout à l'heure, personne n'a envie d'être vu comme un simplement gibier qu'on accroche à notre tableau de chasse. Elle n'avait aucunement envie qu'il ait cette impression là.

Alors qu'elle allait choisir entre action ou vérité, un malotru vint faire l'incruste.

*Non mais! Il me prend pour une crisse de guédaille!?*

Il fut rapidement rejoint par le trio d'imbéciles qui devaient le suivre peu importe où il allait. Elle leur aurait volontiers arraché les yeux pour oser la regarder ainsi.

« J'vous signale que mes yeux sont plus hauts bandent de pervers. »

« On ne fait qu'admirer le paysage ma belle. »

*Ma belle?! Ma belle!?*

Ce n'était pas le terme en soit qui la faisait rager, mais la manière et la circonstance dans laquelle il avait été dit, ajouter au fait qu'il reléguait son corps au rang de paysage. Un des membres de la troupe s'avança, il n'eut pas le temps de la toucher qu'elle s'était emparée de son bras pour le lui tordre au point d'entendre un os craquer, de son autre main elle pris sa bouteille de whisky de façon à bien la montrer à lui et tous ses amis.

« Le premier qui me touche de la lui enfonce dans le rectum jusqu'à l'intestin grêle. »

Elle serait parfaitement capable de mettre sa menace à exécution. Elle poussa violemment celui qu'elle tenait, qui maintenant était blessé physiquement ainsi qu'à l'égo.

« Du calme chaton, on veut juste s'amuser avec toi. »

« Et le « chaton » va tailler la pipe aux autres qui voudront la toucher. »

Pour bien illustrer ce qu'elle voulait dire, elle avait sorti son couteau, loin d'être un petit canif.

« Je les aime bien agressive, t'es certain que tu ne veux pas nous la passer? »

Avait-il demandé à l'intention de Victor. Visiblement il n'avait pas compris le sens de la phrase que l'homme au corps squelettique lui avait craché au visage un peu plus tôt.

« On va te la rendre en un seul morceau promis. »

*Est-ce que je lui arrache la gorge ou non?... Non, j'veux pas qu'on ait le gouvernement à nos trousses à cause de ses caves là.*

Attachant sa veste, elle regarda son ami.

« On devrait aller ailleurs ça sent mauvais ici. »

Malheureusement l'un d'eux s'essaya, peut-être voulait-il voir si Nigel allait mettre sa première menace à exécution. Elle avait réussi à le maintenir au sol le temps de commencer à mettre sa bouteille dans cette partie où, à moins d'être gai ou bien bisexuel, c'est one way seulement. Avant de le faire se lever pour le faire s'asseoir, question qu'elle s'enfonce jusqu'au bout.

« Je te souhaite bonne chance pour expliquer ça au médecin. »

Elle ne prêtait pas attention aux jurons, elle pris a guitare, elle espérait réellement que les autres allaient les laisser tranquille.

Victor fut pour la majorité du temps spectateur. Loin d'être un vif d'esprit, elle avait prit les rênes et se débrouillait plutôt bien. A croire qu'elle était habituée à ce genre de nuisances nocturnes. Mais, disons, sa tenue n'aidait pas réellement...elle aurait peut-être dû se couvrir après être descendue de scène, se dit-il. L'allemand venait de se rendre compte de sa bêtise et se sentait étrangement coupable. Il aurait dû lui dire de se rhabiller, ils auraient ainsi évité de se faire importuner de la sorte. L'heure n'était plus aux remords cette fois-ci mais à l'action, la réaction. Toujours assis sur sa chaise, il regardait d'un air sinistre les hommes qui se rapprochaient de Nigel, tels des rapaces affamés. Elle tordit le bras à un premier, qui, étonnamment, se mit à rire, mélangé à quelques grognements de douleur. Ils étaient tous saouls et leur faire entendre raison ne serait sans doute pas facile. Sans compter que son amie avait elle aussi bue, et si elle se faisait prendre en train de frapper les hommes ici présents, elle irait sans doute à la case commissariat. Il n'avait pas envie que cette soirée se termine ainsi.

« On va te la rendre en un seul morceau promis. »

L'homme se leva d'un bond, transperçant du regard celui qui l'avait titillé un peu trop. La colère montait en lui à vitesse grand V. Il fut un temps où, en tant que nazi, il aurait jeté la première pierre sur cet insolent. Mais sa timidité était telle qu'il n'osait même pas franchir ce cap. C'est Nigel qui s'occupa du cas de cet idiot, lui enfonçant la bouteille de whisky vide dans son arrière-train. Cette vision horrifique ne l'étonna pas, aussi ne détourna t-il pas les yeux et se surprit même à sourire de cette scène.

« Tu as raison. Allons-y. », répondit-il à la dhampire, tournant les talons vers la sortie.

Mais on entendit dans leur dos ces mêmes rires, à l'unisson, qui marquaient leur esprit embrumé par l'alcool. Il sentit la présence de quelqu'un dans son dos, quelqu'un qui se rapprochait à pas lourds et imprévisibles. Avant même qu'il ne parvienne à son niveau, Victor pivota et lança son poing dans le visage de celui qui voulait l'importuner. Dans un bruit sordide de craquements d'os. Cette fois ce fut le second à crier, crachant une dent par terre et se tenant le nez vomissant d'hémoglobine. Cette simple vision sanguine excita les sens du zombie, qui sentit son bras être happé par la force surhumaine de Nigel.

« Oui...excuse-moi. », s'excusa t-il.

Ils sortirent de l'établissement et, après quelques minutes à marcher, se retrouvèrent près d'une entrée du Central Park. L'allemand lui emboîta le pas pour s'y introduire, puis s'installèrent sur un banc. Après une bonne minute de silence, il finit par lui demander :

« Est-ce que tu peux me jouer un petit air ? J'aime...enfin, disons que j'apprécie la musique et... »

Cependant, elle le coupa gentiment, car il n'arrivait pas à terminer sa phrase, qui s'emmêlait avec des pensées plus noires que jamais.

Croyant qu'ils avaient reçu leur leçon, mais visiblement il y avait une de ses énergumènes qui devait en avoir une autre. Malheureusement, ou bien heureusement, Victor fut plus rapide qu'elle. Elle fut même un petit sourire, non pas qu'elle aimait particulièrement le spectacle qui se déroulait devant elle. Entendez bien que Nigel n'est pas le genre de femme qui ne peut pas se défendre toute seule, comme dans certains récits où elle a le désir de dire aux femmes que la Révolution Sexuelle a eu lieu. Cependant, il faut dire que cela flattait son égo le fait qu'un membre de la gente masculine, pour qui on a des sentiments plus est, prenne sa défense. Néanmoins, ils ne devaient pas rester là trop longtemps, car si le barman n'avait pas encore appelé la police cela ne serait tardé si les choses s'envenimaient. Voilà pourquoi elle attrapa son bras avec assez de force pour qu'il ne se défasse pas de son emprise.

« On y va. »

Dit-elle avant qu'il ne s'excuse. L'idée qu'il pourrait peut-être encore le frapper ne lui plaisait pas, une fois c'est cool, mais deux fois alors que l'inconnu pisse le sang, pas vraiment. De plus l'inconnu, à moins d'être un imbécile finit, devait avoir retenu sa leçon cette fois-ci.

L'air à l'extérieur frais, une bonne fraîcheur de printemps et, à moins de manquer réellement de chance, ils n'allaient plus avoir de problèmes. Ne sachant pas trop trop où aller, elle préféra laisser son ami guidé la marche, qui sait comment allait finir cette soirée.

Ils finirent par arriver au légendaire Central Park et un des plus sûr au monde, chose étrange quand on sait qu'avant, il y avait eu je ne sais combien de meurtres. Ils prirent place sur un banc. Il y eut ce silence, comme si aucun d'eux n'osaient le rompre. Un silence qui fut rompu par l'allemand au « masque » de crâne. Ne le laissant pas finir ce qu'il voulait dire, elle agrippa délicatement son collet pour le rapprocher d'elle, scellant sa bouche par un baiser qu'elle fit durer plus longtemps que le premier.

« Il fallait absolument que je récidive. »

Dit-elle en souriant.

*Pourquoi est-ce que j'ai chaud? Dans la face surtout? S'pas la première fois que j'embrasse un homme pourtant.*

Elle se sentait rougir, elle avait envie de recommencer encore et encore, mais lui en avait-il le désir, tel était sa question. En attendant elle avait l'impression de rougir comme une écolière. Il y avait même son coeur qui faisait des siennes maintenant. Elle réduisit la distance qui les séparait en s'installant confortablement sa guitare.

« Merci de l'avoir frappé, il le méritait... T'es le premier à prendre ma défense... J'avoue que j'ai aimé. »

Elle était sincère son ex l'aurait laissé se débrouiller, une des raisons pour lesquels il était justement son ex et les autres étaient simplement des coups d'une nuit, donc elle ne voyait pas pourquoi ils l'auraient défendu si ce genre de circonstance se serait produit.

« Tu voulais de la musique hein... j'crois que j'ai trouvé quelque chose. »

Les notes défilèrent sous ses doigts, pas des notes comme elle avait joué plus tôt dans la soirée. Au contraire, il s'agissait de quelque chose de plus mélodieux, de plus harmonieux, les notes défilèrent dans les airs jusqu'à ce que... Cette fois ce fut elle qui fut interrompue.

« Il fallait absolument que je récidive. », s'excusa t-elle.

Elle l'avait embrassé encore une fois, sans qu'il ne puisse s'y attendre, à croire que cela devenait une habitude. Il n'avait jamais été très vif d'esprit dans tous les cas, ce qui expliquait sans doute ses soucis au niveau de ses réactions. Victor baissa les yeux, il avait encore le goût de ses lèvres sur les siennes et ne savait pas réellement comment faire pour lui dire ce qu'il ressentait à son égard. Il n'avait même pas fermé les yeux lorsqu'elle s'était approchée, il était encore un novice dans le domaine, pris au piège par cette femme qu'il ne connaissait que depuis quelques mois à peine. Pourtant, elle en savait beaucoup plus sur lui que n'importe qui, sauf peut-être de l'organisation terroriste tentaculaire, je nommerai HYDRA. Il se tut et leva les yeux vers le ciel, observant les étoiles. Il avait besoin de s'évader, de penser à autre chose qu'à la réalité, d'où sa demande précédente à la musicienne. Lui aussi savait jouer, mais il n'avait pas de violon à portée et était un piètre chanteur. On ne pouvait pas être bon en tout, se disait-il.

Nigel lui avoua qu'il était le premier à avoir prit sa défense. Son visage s'inclina de nouveau vers elle et il eut une mine un peu surprise, mais sans plus. Seul son regard parlait pour lui, ses traits restant inexpressifs.

« C'est vrai ? Pourtant, je n'ai fait que mon devoir. Je n'aurais laissé aucun de ces hommes te toucher, quitte à en perdre un bras ou ma fierté. »

Il les aurait dévoré volontiers, mais il lui était impossible de les retrouver à présent. Les esprits parlaient peu sur ce genre d'énergumènes, car ils étaient encore trop jeunes, trop...dissimulables. Loin de lui l'idée de faire part de ses envies culinaires à son amie : elle n'avait pas à le savoir, c'était d'ailleurs l'un des secrets qu'il gardait. Ses sacrifices c'était sa survie. Sa justice, aussi. Il était, en quelques sortes, le bras armé du Dieu de la Mort. Une légende parmi tant d'autres, foulant la Terre en tant qu'avatar. Il n'avait pas encore conscience malgré ses siècles d'existence de qui il était réellement, mais il avait en lui une foi inébranlable, oubliée depuis des temps anciens.

La jeune femme commença à jouer, il était transporté par les premières mesures mais son esprit était définitivement ailleurs. Il l'arrêta gentiment, déposant sa main squelettique sur le ventre de sa guitare.

« Excuse-moi... », commença t-il. Il voulait réellement savoir une chose. « Pourquoi tu m'as embrassé ? Je voudrais savoir pourquoi...car ça m'intrigue énormément. »

Un peu gauche, il fallait l'avouer. Mais il n'avait pas trouvé d'autre moyen pour pouvoir attirer son attention sur le sujet.

C'est étrange cette façon d'être expressif et inexpressif en même temps. Un visage de marbre, mais pourquoi ses yeux eux ils parlaient. Elle trouva même ce qu'il venait de lui dire touchant, certes elle ne voudrait jamais qu'il aille jusqu'à perdre un bras pour elle, ni même sa fierté, bien que contraire au membre celle-ci tout le monde peut la retrouver. Mais pour elle l'idée était touchante.

Les doigts flirtant avec les cordes tendues de son instrument, mais le son produit par les cordes vibrantes furent interrompue par une main squelettique. Puis vint la question qui tue, c'est-à-dire le pourquoi des baisers. En même temps quoi de plus normal, si un ou bien une ami(e) vous embrasserait à deux reprises dans la même soirée je crois que vous vous poseriez la même question. Essayant de trouver les mots, elle se gratta le derrière la tête, comme si elle prenait l'expression se creuser la tête au pied de la lettre.

« Je ne sais pas trop trop comment le dire... »

*Ça se résume en trois mots, je devrais être capable de le dire pourtant. Pourquoi c'est aussi difficile? *

« C'est le genre de choses assez difficile à dire, mais... »

*Et s'il ne ressentait pas la même chose? Idiote! Tu ne crois pas qu'il serait parti après le premier s'il n'y avait pas de chance? Peut-être.*

« J'y pense depuis un petit bout de temps déjà à te le dire à chaque fois que je te vois. »

*Il n'a pas besoin de savoir depuis quand que t'y penses. Dis lui pis that it!*

Nigel en était presque à s'insulter elle-même mentalement afin de se donner un coup de pied dans le cul pour faire le grand saut. Elle finit par lâcher son instrument à cordes et à la laisser à côté d'elle sur le banc avant de se retourner vers cet être hors-norme pour qui son organe vital considéré comme le centre des émotions voulait battre.

« Je t'aime... voilà j'ai réussi à le dire. »

Une simple phrase qu'elle avait eut peur de dire, car aussi simple soit-elle cette phrase elle pouvait ruiner une amitié en une fraction de seconde et elle ne voulait pas le perdre comme ami si ce n'était pas réciproque. Elle avait baissée les yeux, la même femme qui avait, un peu plus tôt dans la soirée, enfournée une bouteille dans le postérieur d'un homme sans sourcillé, avait peur que ce soit à sens unique.

« Si ce n'est pas réciproque je comprendrais, mais je tiens à te garder comme ami. »

Son coeur espérait réellement que les sentiments étaient réciproques.